Mesdames et messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus du conseil départemental de l’Eure,
Mesdames et Messieurs les maires,
Mesdames et Messieurs les présidents,
je salue aussi tout particulièrement votre préfet ainsi que le directeur général de l’ARS et les autres services de l’État s’il y en a dans la salle.
Merci Sébastien de m'avoir invité cet après-midi ici, chez toi, sur tes terres. Il y a un petit moment pour ne rien vous cacher que j'avais le projet de venir dans ce département, mais rien n'est plus difficile sans doute à gérer que mon agenda. On a fini par y arriver et je me suis fixé pour objectif, d'ici la fin de mon mandat, d'avoir visité tous les départements de la France métropolitaine. Je vais y arriver. Bon, on est pas loin. En tout cas, je suis très heureux d'être parmi vous cet après-midi et le hasard fait bien les choses puisque ces décalages calendaires m'ont permis de venir un jour où vous tenez ces Assises des solidarités. Et je voudrais dire, là, j'ai sauté sur l'occasion pour deux raisons.
Outre le plaisir que j'ai de vous voir et de voir Sébastien, mais d'abord parce que je pense que j'ai parfaitement conscience que nous sommes dans une double crise. Et là, je vais vous surprendre, je ne parlerai pas, évidemment, de la crise internationale qui nous inquiète tous beaucoup et qui nous occupe tout particulièrement. Je ne reviendrai pas non plus sur la crise sanitaire qui vous a, Mesdames et Messieurs, j'en profite pour vous exprimer à toutes et à tous ma gratitude qui vous a beaucoup occupé, même si, je l'espère, elle commence à fortement baissé en intensité, ce qui, progressivement, nous permet d'alléger les mesures que nous avions adoptées pour y faire face. Non, je pense à deux crises qui sont au centre de vos travaux, de vos réflexions et de vos compétences, toutes et tous ici réunis.
C’est vrai, ce sont des sujets que je connais bien : en tant que maire, j’ai présidé mon CCAS pendant 12 ans. Et j’ai siégé dans un conseil départemental pendant 5 ans, et bien sûr, notamment à la Commission en charge des affaires sociales et d’insertion ; et je ne parle pas de mes activités au sein de l’État sur ce sujet.
Mais je disais : double crise, pourquoi ? D’abord, parce qu’incontestablement, vous l’avez vu dans le portrait du département que vous avez dressé, mais je regarde l’ensemble du pays, évidemment, la crise, les crises que nous traversons ont eu des conséquences sur les populations, sur un certain nombre de nos concitoyens avec des phénomènes de précarité que nous avons vus, avec des phénomènes d’exclusion, avec un autre phénomène, sur lequel j’insiste qui est un peu inverse mais qui est aussi illustratif de cet ensemble, c’est : aujourd’hui, la croissance est là, forte, en espérant évidemment que les événements internationaux à l’Est, ne viendront pas la contrarier, mais vous l’avez dit, d’ailleurs le taux de chômage, ici, dans ce département, a reculé, et à un niveau, je veux dire, il n’est jamais satisfaisant, il est toujours trop élevé, mais en tout cas, l'amélioration est nette, mais on n'arrive pas à pourvoir tous les emplois, et donc le sujet, l’un des sujets, c'est aussi : comment faire profiter des emplois créés aux populations en particulier, qui en sont, comme on dit pudiquement, particulièrement éloignées ?
Donc, ça ce sont les multiples aspects de cette crise économique et sociale, voire sociétale. Et puis, je suis… enfin notre gouvernement est le contemporain d'une deuxième crise qui était latente, qui était larvée, dont on ne parlait pas trop, qui ne faisait pas la une de l'actualité, qui ne qui ne donnait pas lieu à des mouvements trop visibles, mais qui était déjà là, qui est la crise des professionnels du secteur, qui est la crise des professionnels du secteur.
Le ministre a parlé du secteur sanitaire, je parle ici surtout devant vous, du secteur social et médico social qui, on le sait, en France, autant le secteur sanitaire repose plutôt sur le secteur public - il y a du privé aussi - mais le secteur social et médico-social repose pour l'essentiel sur ce qu'on appelle le secteur privé non lucratif. Et là, on a vu éclater, très paradoxalement d'ailleurs, puisque consécutivement à la revalorisation du secteur sanitaire, enfin des personnels soignants dans le cadre du Ségur dont Sébastien LECORNU a parlé, on a vu éclater cette crise. La nation a appris par vous, Mesdames et Messieurs, mais la nation a appris que c'était des métiers qui conjuguaient une extrême difficulté et qui, je le dis ici, étaient parmi les plus mal payés de toutes les grilles ; ce n'est pas un scoop que je vous donne, mais bon. Mais tout cela n'était pas dit. Vous faisiez votre boulot. Ça marchait cahin-caha, mais bon, il se trouve, c'est aussi la vertu des crises, on le voit d'ailleurs avec notre système de santé, qu’elles mettent en pleine lumière, ce qui, jusqu'alors, était un peu sous le tapis.
Notre responsabilité, notre responsabilité, c'est de traiter les problèmes. Nous sommes là pour ça et de le faire en essayant bien sûr de gérer l'urgence, mais surtout de l'inscrire dans un sens, dans un cap qui doit être celui des politiques publiques qui, en l'espèce, vous l'avez rappelé, Mesdames Messieurs, est forcément partenariale. Alors oui, c'est vrai que c'est parfois un peu difficilement lisible pour nos concitoyens. C'est tout à fait exact. Et nous devons progresser. Et je me réjouis que vous l'ayez, si j'ai bien compris, fixé au rang de vos priorités. Mais bon, il faut aussi se méfier des jugements hâtifs, toujours. Mais là comme ailleurs, on est un pays, c'est comme ça, il s'est construit comme ça, où nous avons besoin des collectivités territoriales et des collectivités territoriales de proximité, je suis ici dans un département.
Je pense que la crise, là encore, nous a rappelé qu'on ne peut pas faire des choses trop éloignées des territoires, et que la proximité a de grandes grandes vertus. Alors, a fortiori quand on va faire produire des choses à des centaines de milliers de kilomètres, quel sens stratégique ... Il faut renationaliser, si je puis dire, tout ça.
Mais l'action publique, eh oui, il faut la territorialiser de plus en plus, même vous départements, vous l'avez dit, que ce soit dans le cadre de l'innovation, vous devez aller vers de plus en plus les publics. On l'a vu, vous l'avez cité, Madame, pour la vaccination, mais vous le voyez, je vais y revenir dans 5 minutes, quand je vous parlerai du contrat d'engagement pour les jeunes, mais en tout cas, il a besoin des collectivités territoriales et il a aussi besoin de l’État, parce que la France, c’est la France et que l’État, il vient rééquilibrer, les territoires, il vient apporter son soutien à ceux de nos concitoyens qui sont les plus en difficulté. Ça marche depuis des siècles.
S'adapter ! Il faut qu'il soit le moins possible - là, je suis à peu près crédible, à peu près pour en parler - le moins possible centralisé, le moins possible parisien. On a des préfets pour ça, ça tombe bien et tous les services qui sont là… on les a confortés, on les a réarmés. Depuis, l'intervention de cette crise sanitaire qui définitivement, nous apprend beaucoup de choses.
Bon, j'en viens maintenant en quelques mots à vos compétences et c'est aussi pour moi l'occasion, c'est pour ça que je disais, ce thème me plaît beaucoup, d'illustrer comme je le fais à chaque fois, c'est mon rôle, vous le comprendrez, la politique départementale ici, dans le champ des solidarités, et je veux le faire devant vous parce que je pense que nous avons fait beaucoup de choses, alors qu'évidemment, la gestion de la crise sanitaire, maintenant sans doute l'actualité internationale, ont tendance évidemment à faire passer tout le reste, comme disent les journalistes sous le radar. Mais dans ce champ des solidarités, avec les crises qui le caractérisent, qui sont en réalité les crises du pays, je veux vous dire qu'ensemble, vous avez fait référence au partenariat.
Nous avons fait beaucoup. Nous avons surtout des objectifs partagés et prioritaires qui, évidemment, ne peuvent pas être déclinés partout de la même manière. Il n'y a pas les mêmes situations dans l’Eure et par exemple, dans les Pyrénées-Orientales, mais il y a quand même un fonds commun de politique.
Et je voudrais… je ne vais pas être trop long, mais vous sensibiliser sur certains de ces sujets. Je commencerais par l'une des grandes compétences des départements qui est celle de l'insertion, en général. Vous avez évidemment les allocataires du RSA, mais vous avez aussi les aides que vous vous apportez aux jeunes par l'intermédiaire des missions locales, etc., etc. Là, notre objectif… Là, je parle de celui de l’État. Après, c'est à l'assemblée départementale de déterminer les siens, mais les objectifs de l’État, c'est clair. Notre objectif, c'est que les gens qui sont dans une situation d'allocations, de précarité, de difficultés puissent être le plus possible accompagnés à partir d'un diagnostic individuel pour être réinsérés. Et notamment lorsque c'est le cas aujourd'hui, l'activité économique repart. Lorsqu'il y a des emplois vers une activité professionnelle, vraiment, c'est l'un des objectifs qu'on veut partager avec vous, qui est au cœur des outils ou des dispositifs que nous avons déployés.
J'en profite pour dire, puisque j'ai affaire à des professionnels du social et de l'insertion, que je parle souvent, plus encore que de la société de l'emploi, de la société de l'activité. Vous le savez bien que pour des raisons qu'il serait trop long de détailler, mais que vous connaissez aussi bien que moi, que tous nos concitoyens ne sont pas aptes à trouver un emploi marchand. Bon, c'est la raison pour laquelle je vous le rappelle et je suis très attaché à ça, nous avons fortement développé l'insertion par l'activité économique. C'est-à-dire ce secteur intermédiaire entre la non-activité et l'emploi marchand qui, justement, est parfaitement adapté pour un certain nombre, parfois un nombre certain, de nos concitoyens. Nous avons fortement boosté l’IAE. Il y avait 126 000 postes cofinancés en France en 2017. En 2022, notre objectif est qu'il y en ait 200 000, alors même que les emplois marchands se développent, c'est-à-dire une hausse de 60 %.
La société de l'activité, tout le monde ne pourra pas avoir un emploi, d'abord parce qu'il reste encore du chômage et ensuite, parce que tout le monde ne peut pas occuper, dans un premier temps, des emplois marchands, l'insertion par l'activité économique.
Deuxièmement, je vous rappelle que dans la crise, nous avons veillé à déployer des dispositifs d'urgence, les départements aussi, mais grâce à ces mesures, vous le savez, nous avons revalorisé, notamment en 2020, à deux reprises, nous avons versé plus exactement des indemnités exceptionnelles aux allocataires du RSA, de l’ASS, des APL ou de l'allocation de rentrée scolaire qui a été revalorisée. L’Insee nous a dit que grâce à cela, 400 000 personnes n'étaient pas tombées dans la pauvreté. Et la France est un des rares pays d’Europe où en 2020, source Eurostat, la pauvreté n’a pas augmenté. Alors même qu’en 2020, je le rappelle, à cette docte assemblée, la richesse nationale, le produit intérieur brut a diminué de 8 %, a diminué de 8 %.
Les mesures, vous les connaissez par cœur, le quoi qu’il en coûte. Et c’est mesures spécifiques, ont empêché que la Nation sombre et en particulier, parce que c’est notre devoir les plus précaires d’entre nous. Je vous invite à avoir un plan d’insertion, un plan départemental d’insertion le plus ambitieux possible. Je précise puisque vous avez fait allusion à la loi 3DS qui vient d’être promulguée au journal officiel, que pour les départements, ce n’est pas le cas de leur, cher Sébastien, qui sont les plus en difficulté parce qu’il y a beaucoup, beaucoup d’allocataires du RSA sur leur sol et que du coup, leurs finances sont plombées.
Nous avons, ça faisait 20 ans qu’on en parlait, proposé de recentraliser l’allocation, la Seine-Saint-Denis, on comprend pourquoi, va ouvrir le bal. Mais je vous rappelle à toutes et à tous, nous sommes cohérents que c’est en contrepartie d’un accroissement significatif de ces politiques d’insertion qui demeure de sa responsabilité.
L'insertion : servez-vous des outils qu'on a mis en place. J’en cite deux : les chômeurs de longue durée, alors que le chômage a diminué en France par rapport à ce qu'il était à l'avant-crise. Ce n'est même pas qu'on soit revenu à la situation d'avant-crise, on est en baisse significative. Tant mieux. C'est une réussite collective. Ce n'est pas le cas des chômeurs de longue durée où il a légèrement, mais c'est un légèrement qui est de trop, augmenté par rapport à ce qu'il était à la fin de 2010.
Vous avez dans les publics à réinsérer des chômeurs de longue durée. Je ne sais pas s’il y a Pôle emploi qui est bien représenté dans cette salle, mais je suppose que c'est pour vous un partenaire habituel. Nous avons déployé des dispositifs spécifiques pour permettre aux entreprises d'embaucher des chômeurs de longue durée. Il y a une aide de 8 000 euros exceptionnelle pour les chômeurs de longue durée qui souscriraient un contrat professionnel. Il y a une aide de 1 000 euros pour ceux qui s'engagent à être formés dans ce qu'on appelle les métiers en tension. Utilisez ces outils.
La deuxième référence, je l'ai dit, puisque nous l'avons lancée avec Elisabeth BORNE le 1er mars, c'est-à-dire mardi dernier, c'est le contrat d'engagement pour les jeunes. Vous avez mis en place, je le sais, le plan 1 jeune 1 solution, qu'on avait lancé au cœur de la crise. C'était en juillet 2020. Je venais d'être nommé Premier ministre. Ce plan a très bien marché. J’ai regardé aussi, monsieur le préfet, monsieur le président, les résultats dans l'Eure. Bravo, bravo ! Je le dis parce que les jeunes comme les chômeurs longue durée, tous les gens les plus en difficulté, quand il y a des crises, c'est ceux qui dégustent le plus.
Moi, j'avais été traumatisé dans la précédente Grande crise de 2008-2010, qui avait pourtant été moins violente que celle que nous avons subie en 2020. Le chômage des jeunes avait augmenté de 31 %. Grâce à nos outils, il a baissé, mais il reste quand même deux fois supérieur au chômage des adultes et il reste bien supérieur, vous le savez, à ce qu'il est en Allemagne, en Belgique, dans des pays qui nous entourent. C'est donc une priorité pour toutes les raisons que je n'ai pas besoin de détailler devant vous. Et là aussi, dans cette priorité, il y a ceux de ces jeunes qui sont des décrocheurs, comme on dit, qu’on appelle ça les « ni employés ni en formation » qu'il faut, vous avez tout à fait raison, aller chercher.
Nous avons renforcé, c'est inédit, les moyens des missions locales. Je suppose qu'elles sont représentées cet après-midi. Je parle de celles de l’Eure. Je me suis adressé pour la première fois à tous les salariés de Pôle emploi et des Missions locales justement, mardi, pour les mobiliser sur ces nouveaux outils. Ce contrat d'engagement jeune, je le dis tout de suite, c'est le contraire du RSA jeunes. L'objectif, c'est que les services publics, et donc, tous les agents qui concourent, aillent chercher ces jeunes, c'est-à-dire, on le sait, malheureusement, il y en a qui ne se présentent jamais devant les institutions, pas simplement parce que c'est compliqué et que nous avons le devoir d'aller chercher pour leur proposer les dispositifs.
Ce contrat d'engagement jeunes, on y a mis des moyens, il simplifie, autre objectif si j'ai bien compris, rechercher les dispositifs existants puisqu'il n'y avait pas que la garantie jeunes que vous connaissez, il y en avait bien d’autres. Donc on a fusionné tout ça, on a accru fortement les moyens pour l’accompagnement. C’est un système de droits et de devoirs pendant une année. Il faut amener les jeunes vers l’emploi. Je vous le rappelle, on a plus de 300 000 emplois qui ne sont pas pourvus en France aujourd’hui, je ne sais pas combien ça fait pour l’Eure. Là, j’ai demandé, je le dis, aussi aux préfets, aussi aux agences de Pôle emploi, à tous les acteurs, nous devons à tout prix pourvoir ces emplois. On ne peut pas comprendre qu’on ait des taux de chômage qui restent élevés, même si l’Eure est un peu plus épargnée, et des emplois non pourvus.
Ça passe par la formation, on en fait beaucoup. Ça passe par des outils comme le contrat d’engagement jeunes. Ça passe aussi par un contrôle renforcé de la recherche d’emploi par Pôle emploi. C’est les objectifs qu’avec Élisabeth BORNE on leur a fixé : +25% et mieux ciblés. Et cela a abouti à une augmentation de 20% des radiations. Ça n’est pas normal, nous devons être en permanence dans une logique de droits et de devoirs. C’est la philosophie que nous poursuivons.
L’insertion, Monsieur le président, Monsieur le ministre, est au cœur des compétences des départements et la clé pour veiller à la fois à ce que l'économie tourne, mais surtout pour ne laisser personne ou en tout cas le moins possible de personnes à l'écart du chemin de la reprise économique. C'est un objectif pas politique, si, au sens le plus noble du terme. C'est un objectif sociétal majeur. J'y insiste auprès de vous. Le deuxième point que je veux évoquer au moment où nous parlons des Assises de la solidarité, c'est évidemment les compétences qui sont les vôtres pour deux autres catégories de population plus vulnérables qui sont les personnes âgées et les personnes en situation de handicap.
Là aussi, pour aller vite, sur les personnes âgées, évidemment un sujet, là aussi dans l'actualité avec ce qui s'est passé suite aux révélations d’un ouvrage dans un grand groupe privé. Nous allons en tirer toutes les conséquences. On a lancé toute une batterie d'inspections dont nous tirons les enseignements. Je ne voudrais pas quand même, il y a des professionnels, laisser croire à nos concitoyens que dans tous les EHPAD de France il y a ces pratiques, parce que ce serait faux et profondément injuste, profondément injuste. Donc on ne va pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Mais on ne peut pas non plus, ce n'est pas le genre de la maison, mettre la poussière sous la table.
Au-delà de ça, quel est le sens de notre politique ? D'abord, je l'ai dit, vous le savez, nous avons créé à cet effet la cinquième branche que nous avons déjà dotée, c'est en 2020, la cinquième branche de la Sécurité sociale. C'est historique. Il n'y en avait pas eu depuis des décennies. L'objectif, c'est le maintien à domicile. Nous avons pris un certain nombre de dispositions pour aller en ce sens. D'abord pour tous les services d'aide à domicile, il faut les renforcer. Nous avons, par la loi, fait monter le tarif plancher des services à domicile à 22 euros. Nous avons dégagé des moyens, parce que ça a un coût pour les départements, nous avons dégagé 360 millions d'euros dès 2022.
Nous avons agi sur l'attractivité des métiers. C'est un sujet majeur aussi dans les services à domicile. Et vous le savez bien, c'est là où il y a beaucoup d'emplois à temps partiel, c'est là aussi avec beaucoup d'emplois féminins, c'est là aussi où les salaires étaient très bas. Enfin, nous avons, après négociation avec les partenaires sociaux, validé l'avenant 43. Pour les professionnels, ils savent parfaitement ce dont je veux parler, c'est-à-dire pour 200 000 personnes une revalorisation de 13 à 15% des salaires. Il faut maintenant que partout sur le territoire, cela entre en vigueur. Là aussi, les compétences des départements sont impactées et le Gouvernement a décidé de financer la moitié de l'effort financier que cette revalorisation va représenter pour les départements. Le maintien à domicile, c'est extrêmement important et nous avons devant nous un ensemble, là aussi compétence partagée, tout le sujet de l'adaptation des logements au grand âge et à la dépendance. Il y a des professionnels qui interviennent et puis il y a les autres.
Pour autant, les EHPAD, j'y reviens, ne sont pas négligés. Le Ségur de la Santé, je le rappelle, va dégager, avec vous Messieurs les présidents de départements, plus de 2 milliards d'euros pour les moderniser. Ils en ont bien besoin. Plus de 2 milliards. Nous avons surtout l'impérieuse nécessité de les médicaliser en personnel médical ou paramédical. Ils ont évolué le degré de dépendance et comme on dit de charge en soin des résidents, je l’ai bien vu quand j’étais maire, a considérablement augmenté. J’avais l’habitude de dire quand j’ai été élu maire en 2008 que les trois-quarts des résidents me reconnaissaient. Et en 2021, il n’y en avait plus qu’un quart. C’est un signe du degré de dépendance accrue de ceux qui résident. Ça veut dire aussi, vous le savez, qu’ils y entrent plus tard, tant mieux, c’est la contrepartie du maintien à domicile. Mais c’est une réalité du coup à laquelle il faut faire face.
Donc, il faut que là aussi, on déploie des moyens. Nous aurons créé 10 000 emplois de soignants non-médicaux dans les EHPAD, nous avons l’objectif d’en créer 10 000 de plus. Il faut aussi trouver des médecins, et là, n’est-ce pas, les ennuis commencent. Les ennuis commencent mais, bon, vous le connaissez, le sujet, les médecins. Il faut 10 ans pour former un médecin. Et je vous rappelle ici dans l’Eure un chiffre que je cite souvent, pardon. Les médecins, ils sont créés, tout le monde a entendu parler de ça, en fonction du « numerus clausus », c'est-à-dire le nombre de médecins qu’on forme en France. Cette notion a été créée, je le porte à votre connaissance, en 1972. Eh bien, en 2017, le « numerus clausus », c'est-à-dire le nombre annuel de médecins qu’on formait en France était plus bas qu'en 1972. Tout est dit. Comme si la population française n'avait pas augmenté, comme si la population française n'avait pas vieilli, comme si les habitudes de travail des médecins n'avaient pas profondément évolué. Et maintenant, on fait semblant de s'étonner. C'est curieux, on dit il manque de médecins. C’est étonnant quand même.
Alors, il y a aussi des problèmes de répartition dans les territoires, mais il y a quand même d'abord un problème, comme on dit, de « malthusianisme de l’information ». Nous avons, à la décision du président de la République, changé ça, c'est-à-dire qu'on n'a pas, ça reste un concours, on ne distribue pas le diplôme de médecin dans un paquet Bonux. Mais on a rehaussé le nombre de places à la hauteur des besoins. Sauf que, Mesdames et Messieurs, ça, vous pourrez le tourner dans tous les sens, avant que l'effet du décloisonnement du « numerus clausus », c'est-à-dire passer de 8 600 à 2 500 par an, bénéficie à l’Eure ou aux Pyrénées-Orientales, toujours par hasard, il faudra quelques années. Bon, et d'ici là, il faut trouver tous les moyens, les médecins salariés, les maisons pluridisciplinaires de santé, la télémédecine, tout ce qu'on essaie tous de faire.
Et j'espère d'ailleurs que la grande campagne qui est devant nous nous permettra de voir émerger des idées nouvelles pour faire progresser ce sujet. Parce que nous savons tous que nous avons une période très difficile, d'autant qu’on sait, je ne connais pas les statistiques précises dans l'Eure. Vous avez dit que vous étiez dans une situation difficile, mais que dans les 3 ou 4 ans, les départs à la retraite de générations qui, vous l'aurez observé, ont été formées avant le numerus clausus de 1972, sont nombreux. Là, on va dire, il y a quand même eu, comme on dit, une cécité collective durable à laquelle on a mis un terme, mais un peu tardivement. Donc, il faut qu'on trouve à tout prix des solutions pour passer ça. Mais nous avons pris là encore nos responsabilités.
Sur le thème du handicap, simplement un mot. Nous avons revalorisé, vous le savez, l'allocation adulte handicapé. Ça, c'est la responsabilité de l’État, plus de 12 % depuis 2017. Elle est aujourd'hui à 900 euros. Notre sujet commun, c'est les fameuses MDPH. Je pense qu'elles sont là. Bon, l'idée, c'est de dire, surtout, elle est simple, et nous avons ensemble déployé des moyens dans ce qu'on appelle le plan MDPH 2022. L'idée, Mesdames et Messieurs, c'est que les délais d'instruction pour l'ouverture de droits, même s’il y a un grand acquis qui est le fait que vous avez des droits ouverts à vie désormais. Il y a quand même 120 000 de nos concitoyens qui en bénéficient. Enfin, vous savez, vous connaissez tout ça. Il n'y avait aucun doute qu'ils étaient malheureusement en situation de handicap. Ils devaient revenir reconstituer le dossier, etc. Mais là, ça, c'est réglé. Bon, mais il y a tous les autres. On progresse, je le dis, pour une personne en situation de handicap, c'est une moyenne, je ne sais pas. Sûrement que l'Eure doit être encore meilleure que ces moyennes, cher Sébastien. Il fallait en 2019 4,6 mois en moyenne pour avoir une réponse lorsqu'on sollicitait une MDPH. En 2021, c’était tombé à 3,9 mois. Il faut sans cesse, pour ces personnes, continuer à nous améliorer.
Et je termine en parlant des professionnels du secteur. On a beaucoup parlé, et c’est normal, de nos usagers, de nos concitoyens, des professionnels. Je l’ai dit au début, je dois éteindre des incendies et des incendies dont la cause n’est pas accidentelle, dont la cause repose, je l’ai dit au début de mon propos, sur des motifs sérieux. Paradoxalement, on les a accéléré par lé Ségur de la santé qui, comme son nom l'indique, porte sur les personnels soignants.
Là aussi, c'est quoi le Ségur de la santé ? C'est constater que pendant trop d'années, on a désarmé notre système sanitaire. Je veux lui rendre hommage parce qu'il a parfaitement tenu le choc pendant cette crise, parfaitement. Mais il est à bout de souffle, il est à genoux. Il était donc grand temps qu’on en tire des conséquences structurelles. Le Ségur de la santé, je le rappelle ici, il y a des professionnels, il ne résulte pas d'une décision unilatérale du Gouvernement ou du législateur, il résulte d'un accord signé par les partenaires sociaux, autrement dit, d'une négociation sociale que j'ai évidemment entérinée parce que encore fallait-il donner les moyens pour que ce contrat, pour que cette négociation entre dans les faits, les fameux 183 euros, la plus forte revalorisation pour les professionnels de santé d'un seul coup depuis 1945.
Mais oui, mais cela a été fait, mais on a commencé à parler des oubliés du Ségur. Vous connaissez tout cela par cœur. Et encore une fois, son champ, il était sanitaire. Je vous rappelle, Monsieur le Président, que nous avons, à la suite d'une mission que j'avais confiée à un certain Monsieur LAFOURCADE, étendu le bénéfice du Ségur de la santé aux soignants relevant des conseils départementaux. Il y avait quand même 100 000 personnes. Nous avons mis 500 millions d'euros sur la table pour cela. Je pense en particulier, mais pas seulement, compte tenu des décisions récentes que j'ai annoncées au personnel des PMI, puisque je suis dans un conseil départemental. Mais il y avait surtout les travailleurs sociaux de ce secteur social et médico-social qui, comme je l'ai dit tout à l'heure, sont plutôt salariés dans le secteur privé non lucratif. Il y en a quand même 140 000, auxquels il faut ajouter 30 000 personnes dans la fonction publique territoriale.
Nous avons, je le dis avec le président de département de France, Monsieur SAUVADET, négocié âprement. Mais nous sommes arrivés à un accord que j'ai présenté il y a trois semaines pour étendre le Ségur de la santé à ces personnels. Je pense que c'est un accord historique, je vous le dis, mérité et justifié et que nous avons par ailleurs engagé une révision complète des grilles de classification. Nous avons renvoyé le sujet aux partenaires sociaux, mais d'ores et déjà, monsieur le Président, attention, annonçait avec le président d'ADF que nous mettrons les moyens, parce que quand vous avez plusieurs grilles disparates et que vous les unifiez, c'est rarement par le bas et c'est heureux. Nous avons engagé un immense plan de formation et de qualification pour ce secteur professionnel, ce qui, je le dis aussi, était une impérieuse nécessité parce que là encore, c'est une question de reconnaissance, reconnaissance pour eux, bien sûr, et pour les publics dont ils s'occupent qui, ne l'oublions jamais, font partie encore une fois des plus vulnérables de notre société.
J'ai tenu à illustrer devant vous toutes ces actions de l'activité gouvernementale parce qu'encore une fois, sauf pour les spécialistes, les initiés et la plupart d'entre vous réunis cet après-midi en êtes, mais parce que je veux dire que mon Gouvernement, sous l'autorité du chef de l'État, mon cher Sébastien, sur tous ces sujets, a beaucoup travaillé. Ce n'est pas connu encore une fois, ce n’est pas connu parce qu'on ne parle que de la crise sanitaire. C'est normal d'ailleurs. Je n'en fais grief à personne que ce soit clair. Mais vous comprenez bien qu'à chaque fois que l'occasion m’est donnée de m'adresser à des professionnels du secteur, à des représentants des usagers, à des élus locaux dont c'est la mission légale de s'occuper de ces politiques publiques, je m'engouffre sur ce terrain-là, pour venir illustrer la politique gouvernementale qui est en réalité celle de la nation.
Le mot solidarité, c'est un mot magnifique. Nous en avons plus que jamais besoin, je le dis à un moment où certains, au contraire, veulent faire éclater ce pacte social et républicain. Nous sommes là, nous, pour rassembler et rassembler autour d'objectifs clairs que j'ai voulu vous faire partager au moment où vous-même, et c'est un exercice extrêmement salutaire, faites un petit point sur vous-même, un petit regard avec l'ensemble de vos partenaires sur les politiques publiques dont vous avez la responsabilité.
Voilà pourquoi j'ai souhaité à la fois vous entendre et, je l'espère, vous éclairer sur le sens des politiques conduites par l'État.
Je vous remercie.