Madame et Messieurs
les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le président
de l’Association des Maires de France, cher David LISNARD,
Mesdames et Messieurs les membres du
bureau et du comité directeur,
Madame la maire de Paris, chère Anne HIDALGO,
Mesdames et Messieurs les présidentes et présidents d'associations d'élus
locaux,
Mesdames et Messieurs les maires, Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs.
Au cœur de la vie quotidienne de nos concitoyens, au
cœur de la réussite des politiques publiques, au cœur de la confiance des
Français dans la démocratie, face aux
doutes, à la colère parfois de nos concitoyens, face à l'impact des crises
partout sur le territoire, face à la nécessité d'inventer et d'innover pour
concilier des contraintes et construire l'avenir, se trouve un mandat, celui de
maire.
Maire, c’est le visage de l'action et de la décision. C'est la
connaissance intime d’un territoire, de ses défis et de ses opportunités, c’est
une détermination, une volonté à tout épreuve, pour le défendre, pour porter
ses projets, pour améliorer l’avis de vos administrés. J’ai été Ministre
pendant 5 ans, je suis Première ministre depuis un peu plus de 6 mois, je suis
élue du Calvados. Plusieurs des membres de mon Gouvernement ont exercé le
mandat de maire avec passion. J’ai l’occasion de parcourir la France et à
chaque déplacement de rencontrer les maires de notre pays. À chaque fois, je
découvre des visages de l’engagement et de la détermination, des plus petits
villages aux plus grandes communes, j’échange avec des femmes et des hommes,
qui peuvent avoir des idées différentes des miennes, mais qui font passer
l'intérêt de nos concitoyens avant tout et qui portent des actions concrètes.
Dans ces rencontres, vous me faites part aussi de vos doutes, de vos craintes.
J’entends parfois des critiques. Elles ne sont pas toujours agréables, mais
elles sont utiles et je crois qu'elles nous font progresser. Si les Français
sont si attachés à leurs maires, c'est parce qu'ils savent que vous êtes ancrés
sur le terrain que vous avez votre commune au cœur. Être maire, être élu local,
c'est toujours une leçon d'humilité, car on est en prise avec le quotidien et
les réactions directes des Français. Dialoguer avec un maire, c’est aussi une
leçon d'humilité car on mesure qu'il y a parfois un pas important entre nos
intentions politiques et leurs applications concrètes. On mesure aussi que les
élus locaux n'ont pas attendu l'État pour se saisir de nombreux sujets.
C'est
pourquoi je suis aujourd'hui devant vous, avec humilité, car je sais que votre
mandat est exigeant, chaque jour.
Mais je suis aussi devant vous, avec
détermination, car sous l'autorité du président de la République, avec le
ministre en charge de la Cohésion des territoires, avec tout mon Gouvernement,
je crois que nous construisons, sans slogans, ni effets d'annonce, une relation
de confiance et de respect.
Une relation fondée sur une idée forte. Chacun de
nous a besoin des autres pour faire face aux défis du temps.
Mesdames et Messieurs,
vous êtes les maires de France et nous construirons l'avenir avec vous.
[Applaudissements]
Mesdames et Messieurs les maires, Mesdames et Messieurs les
élus, vous le savez mieux que personne, notre pays fait face à plusieurs défis
majeurs. Je pense à la crise climatique, bien sûr. Vos communes ont connu, cet
été, les effets de la canicule, de la sécheresse. Certaines ont subi des feux
de forêts. Au printemps dernier, nous avions traversé de nouveaux épisodes
exceptionnels de gel, touchant durement nos récoltes. Sur le littoral, dans les
montagnes ou la neige se fait rare, dans des territoires ruraux où l'eau manque
encore aujourd'hui. Partout, vous êtes au premier rang pour mesurer les effets
de plus en plus concrets et de plus en plus dévastateurs du dérèglement
climatique. Des mots qui étaient parfois perçus comme des concepts sont
désormais des réalités tangibles, concrètes, palpables. Quand les étiages
baissent, quand le retrait gonflement des argiles fragilise nos constructions
ou quand l'isolation thermique de nos bâtiments publics devient une condition
même de la poursuite du service public.
Vous avez entre les mains beaucoup des
compétences qui nous permettront de réussir, ensemble, la transition
écologique. Nous pouvons, je dirais même, nous devons, réussir ensemble.
Ces
derniers mois, c'est également tout l'ordre international qui est en crise. En
attaquant l'Ukraine, la Russie a lancé une guerre brutale, cynique et
meurtrière. Je veux rendre hommage à l'héroïsme du peuple ukrainien
[Applaudissements]. Des maires ukrainiens ont pu assister à votre congrès. Ils
sont des figures de résistance. Je veux leur dire notre admiration et notre
soutien indéfectible. Oui, nous serons aux côtés de l’Ukraine jusqu’au bout. Et
je veux vous saluer aussi, vous les maires de France, qui avez immédiatement
pris toute la mesure de ce conflit. Votre mobilisation est déterminante pour
organiser la solidarité et accueillir les déplacés ukrainiens.
Mais cette
guerre a aussi des conséquences sur la montée des prix et sur nos
approvisionnements en gaz. Et nous traversons aujourd’hui une crise
énergétique. Nos concitoyens sont plus protégés que dans les autres pays
d’Europe, mais vous y faites face directement, quand vous négociez de nouveaux
contrats ou préparez vos budgets pour 2023. Les tensions actuelles, les
tensions énergétiques actuelles, nous poussent à la mobilisation commune. Grâce
à la sobriété, et je sais combien vous y prenez part, grâce à la solidarité
européenne, grâce à notre action pour porter nos stocks de gaz à 100%, nous
pourrons limiter au maximum les risques pour les mois à venir.
Cependant, nous
devons nous préparer à toutes les éventualités. Nous avons mis en place un
dispositif d’alerte, en cas de tension extrême sur notre réseau. Chacun
— État, collectivité, entreprise, particulier — devra alors se
mobiliser pour baisser encore sa consommation. J’ai, par ailleurs, demandé aux
préfets de venir vers vous dans les tout prochains jours pour vous faire part
des différents scénarios et des manières de nous y préparer. Je les réunirai
moi-même dans les prochains jours pour faire un point sur les travaux
d’anticipation conduits depuis plusieurs semaines.
Enfin, ces difficultés
concourent à renforcer la méfiance et la crise démocratique que nous
traversons. Les discours nationalistes montent, la passion pour les régimes
autoritaires, la haine de l'autre et le repli sur soi, s'affichent sans
complexe. Nos concitoyens sont inquiets et certains en usent. On dirait même
qu'ils espèrent le pire, pour en tirer un dérisoire profit politique.
De cette
montée de la défiance et des discours populistes, vous êtes les premiers
témoins, mais vous êtes aussi les premiers remparts. Vous êtes en première
ligne tout le temps. Je sais ce qu'il vous en coûte parfois et je rendais hommage
il y a quelques jours, avec les maires de Provence Alpes Côte d'Azur, à
Jean-Mathieu MICHEL, ancien maire de Signes, tué il y a un peu plus de trois
ans. [Applaudissements] Nous devons vous permettre d'accomplir vos missions
dans les meilleures conditions, vous protéger et répondre avec la plus grande
fermeté aux incivilités ou aux agressions dont vous êtes la cible. S'attaquer à
vous, c'est s'en prendre à la République. En septembre dernier, une circulaire
du garde des Sceaux, Eric DUPOND-MORETTI, a demandé aux procureurs des réponses
fermes, rapides, visibles contre toutes les atteintes aux dépositaires de
l'autorité publique, en particulier les maires. Dans le cadre de la loi
d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur, le Gouvernement
a défendu le renforcement des sanctions pénales pour les auteurs de violences à
l'encontre d'élus. Enfin, il y a quelques jours, le Sénat a adopté, à
l'unanimité, une proposition de loi qui facilite et étend la constitution de
parties civiles, lorsque les élus et leurs proches sont victimes d'agressions.
Ce texte permettra à vos associations d'élus de mieux vous soutenir face aux
violences. Cette proposition de loi, le Gouvernement la soutient et nous nous
emploierons à ce qu'elle soit pleinement mise en œuvre.
Ce soutien sans faille
de l'État, je veux qu'il se manifeste également dans la clarification des
règles qui encadrent l'exercice de vos mandats. Je pense en particulier aux
difficultés d'applications liées à la nouvelle définition de la prise illégale
d'intérêts. Des situations ubuesques sont nées d'un déficit de clarté. J'ai
voulu, avec l’AMF, favoriser une lecture commune pour que la loi soit claire et
applicable par tous. Ce travail, mené par le ministère de la Justice et le
ministère en charge de la Cohésion des territoires, devra aboutir rapidement.
Mesdames et Messieurs, je viens de citer quelques-uns des défis auxquels notre
pays fait face. Depuis ma nomination à Matignon, j'ai échangé avec toutes les
associations d'élus. Et chaque fois que je le pouvais, je me suis exprimée face
à leurs représentants. Ce ne sont pas forcément des rencontres formelles, ce
sont aussi des échanges simples et directs avec vous, cher David LISNARD, comme
je le fais aussi avec le président François SAUVADET ou la présidente Carole
DELGA. Je veux comprendre, je veux être sûre que nous prenions bien les
problèmes dans toutes leurs dimensions, d’où ces appels et ces échanges parfois
impromptues, parfois jusqu’à des heures parfois tardives, et vous montrez
toujours une grande disponibilité.
Cette méthode faite de dialogue et d’écoute,
j’y crois. Je l’ai menée à toutes les étapes de mon parcours, comme chef
d'entreprise, comme préfète, comme ministre. J’en suis convaincue, le collectif
permet de tout surmonter. Le débat et la discussion permettent de trouver des
solutions meilleures. Et le concret ne me fait pas peur, il m'inquiète, en tout
cas beaucoup moins, que les phrases toutes faites. Alors oui, c'est ma méthode,
et elle repose sur un principe, la confiance. Nous venons à l'instant de
célébrer les 40 ans de la loi de fer et des premiers grands actes de la
décentralisation avec un film remarquable. Mais la décentralisation ne peut se
déployer et porter ses fruits sans la confiance. Je n'ignore rien des
incompréhensions qu'il y a pu y avoir, mais avec le président de la République,
depuis 5 ans, avec tout mon Gouvernement, nous sommes déterminés à l'élever.
Je
vous redis ma volonté de travailler dans la franchise et la responsabilité
partagée. La confiance ne se décrète pas, elle passe par des actes. Je sais
combien le dispositif qui vous contraignait à modérer vos dépenses a pu
paraître inutile, voire vexatoire. J'ai entendu vos remarques, j'ai échangé
avec l'ensemble des associations d'élus, et je l'affirme, notre intention n'est
pas de maintenir un mécanisme de sanctions. Nous ne voulons pas de nouveaux
contrats de Cahors, nous voulons trouver un chemin avec les parlementaires,
avec vous. [Applaudissements]
Monsieur le président, cher David LISNARD, je
sais combien vous êtes attaché à ce que nous disposions d'une trajectoire de
finances publiques crédible. Chacun doit prendre sa juste part à l'effort de la
nation. Cette trajectoire sera la même pour l'État et pour les collectivités.
Et je sais que nous trouverons des solutions ensemble.
Mesdames et Messieurs,
comme le président de la République l'a dit, nous devons aller plus loin et
changer de modèle autour de la différenciation et de la proximité. Cela impose
de faire un bilan complet de la décentralisation dans notre pays, des effets de
la loi MAPTAM et de la loi NOTRe, d'aller au bout de l'application de la loi
3Ds. Mener une vraie décentralisation, c'est aussi rappeler quelques principes
et quelques lignes rouges. Une d'entre elles vous tient particulièrement à cœur,
et je le dis, le développement des intercommunalités et des métropoles ne doit
pas se faire au détriment des communes. [Applaudissements] La décentralisation,
aujourd'hui, avec le recul de 40 années, ce sont quatre principes.
D'abord,
transférer des compétences. Ensuite, accorder des ressources dynamiques et
adaptées. Puis, donner des capacités de différenciation. Et enfin, assumer les
responsabilités qui vont avec. Nous devons accepter aussi que tout ne finira
pas parfaitement ordonné, tel un jardin à la française, et que la coopération
entre collectivités, entre collectivités et État, comme entre tous les acteurs
locaux, restera une absolue nécessité. Nous devons bâtir cette nouvelle
décentralisation, avec vous, comme avec les autres collectivités. Je suis convaincue
ensuite que cette vraie décentralisation doit s'inscrire dans un projet de
territoire et dans un dialogue dense entre l'État et les collectivités.
J'ai
été préfète de la région Poitou-Charentes, je l'ai vu, chaque succès, chaque
projet réussi, avait été construit et mené en lien avec les élus locaux, avec
les maires. Le couple maire-préfet est le fondement de l'action publique
locale, c'est le maillon essentiel pour la réussite de nos politiques publiques
dans les territoires. Nous l'avons vu lors de chacune des crises, nous l'avons
vu encore pour l'accueil des déplacés ukrainiens, nous le voyons dans
l'adaptation de nos territoires aux effets du changement climatique. Quand il
avance ensemble, le couple maire-préfet peut tout surmonter [Applaudissements].
Renouveler le lien entre les élus locaux et l'État, c'est aussi penser et
construire ensemble les solutions aux défis devant nous. Le Conseil national de
la Refondation va permettre de concevoir le futur de notre santé, de notre
éducation, de notre action pour construire un bien vieillir. Votre présence y
est déterminante. Je vous remercie d'y prendre part.
Mesdames et Messieurs,
vous le savez, je vous l'ai dit et j'en suis convaincue, comme vous, bâtir cette
nouvelle méthode impose de vous donner des moyens adaptés. Alors, on ne se
refait pas. Au fond, je suis sans doute restée une ingénieure. Je préfère
l'action aux slogans, les faits aux polémiques.
Au cours du précédent
quinquennat, des mesures majeures ont été prises pour vous accompagner. Pendant
la crise sanitaire, en particulier, nous avons mobilisé plus de 10 milliards
d'euros pour soutenir votre action essentielle. Ces derniers mois, des
décisions fortes ont été prises, sous l'égide du président de la République et
en lien avec le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des
territoires, Christophe BÉCHU. Pour donner une réponse rapide face à
l'inflation, nous avons débloqué 430 millions d'euros en 2022 pour le bloc
communal. Alors, je connais les doutes et les inquiétudes qui persistent. J'ai
demandé une attention particulière des comptables publics pour les communes en
difficulté. Nous voulons trouver des solutions pour chacune d'entre elles. Pour
2023, des réponses fortes vont être apportées pour vous aider à faire face, en
veillant à ce qu'aucune collectivité ne soit laissée sur le bord du chemin.
Nous avons décidé d'une augmentation de 320 millions d'euros de la dotation
globale de fonctionnement. Une hausse de la DGF, c'est une première en 13 ans,
et grâce à cette décision, 95 % des communes verront leur DGF se stabiliser ou
augmenter. Pour faire face à la flambée des coûts de l'énergie, comme
l'ensemble des ménages et les très petites entreprises, près de 30 000 communes
pourraient bénéficier du bouclier tarifaire qui limite la hausse des prix. Par
ailleurs, comme nous l'avons annoncé, nous allons mettre en œuvre un
amortisseur électricité construit en lien avec l’AMF et renforcer le filet de
sécurité pour les collectivités les plus vulnérables. Au total, ces deux
dispositifs, ce sont d'ores et déjà 2,5 milliards d'euros de soutien aux
collectivités. C'est plus que 800 millions d'euros, Monsieur le président.
Et
je le dis sereinement, face à une situation inédite, nous avons construit des
outils inédits et s'il faut les adapter, nous les adapterons. Depuis quelques
semaines, j'échange avec beaucoup d'entre vous et j'entends un même message :
ces dispositifs sont trop complexes. Alors, une aide, c'est fait pour être
efficace, c'est fait pour être utilisée, c'est fait pour vous soulager. Aussi,
j'ai décidé de simplifier ces aides, qu'il s'agisse de l'amortisseur
électricité ou du filet de sécurité. Pour ce dernier, en nous appuyant sur le
travail mené au Parlement, nous allons agir dans deux directions. D'une part,
nous allons baisser les seuils pour rendre le filet de sécurité plus
accessible. D'autre part, nous allons simplifier les critères devenus trop
complexes et trop nombreux.
Concernant l'amortisseur électricité, la ministre
de la Transition énergétique, Agnès PANNIER-RUNACHER, présentera dans les
prochains jours les détails du dispositif simplifié. Nous voulons vous
permettre d'anticiper la baisse de prix dont vous bénéficierez.
Par ailleurs,
nous voulons soutenir votre capacité à investir, notamment pour relever le défi
climatique. C'est pourquoi nous avons lancé le Fonds vert, entièrement
territorialisé, à hauteur de 2 milliards d'euros, auquel s'ajoute près d'un
milliard d'euros de nouveaux prêts de la Caisse des dépôts et consignations. Et
j'ai bien entendu votre message, pas d'appel à projets, mais un soutien en
proximité à vos initiatives et à vos projets [Applaudissements].
Je veux avoir
un mot aussi pour nos territoires d'Outre-mer. Ils font face à des défis
spécifiques. Nous travaillons pour eux et avec eux. Avec Gérald DARMANIN, avec
Jean-François CARENCO. La dotation d'aménagement des communes d'outre mer
continuera à progresser l'année prochaine, et 7 communes ultramarines
volontaires bénéficient d'un accompagnement renforcé de l'État. Ce sont des
moyens massifs. En 2023, au-delà du soutien aux dépenses énergétiques, l'Etat
versera 12 milliards d'euros de dotations d'investissement, notamment pour
rénover les écoles. Je connais également vos préoccupations concernant la
suppression de la CVAE sur deux ans. J'entends que nous aurions pu retenir
d'autres voies pour alléger la fiscalité des entreprises. Mais ce choix vise à
cibler, au mieux, cette baisse sur notre industrie, que nous avons tant besoin
de conforter et de redévelopper. Mais j'entends vos préoccupations. Nous en
tenons compte. Cette suppression sera compensée par de la TVA, qui est une
recette plus dynamique. La compensation s'effectuera sur les dernières années
connues, à partir de la CVAE versée de 2020 à 2023, et j'en prends à nouveau
l'engagement devant vous, la dynamique de la TVA sera répartie dès 2023, en
tenant compte du développement de l'activité économique. Les communes doivent
être intéressées à l'accueil d'entreprises sur leur territoire. Nous établirons
ensemble la clé de répartition des recettes supplémentaires. Par ailleurs, j'ai
souhaité, à la demande de l'AMF et de plusieurs associations d'élus, préserver
le mécanisme d'évolution des bases fiscales. Il permettra à vos recettes
d'évoluer à hauteur de 7 %, l'année prochaine, à taux inchangés.
Mesdames et
Messieurs, je viens de tracer les grandes lignes et les grands principes d'une
nouvelle méthode et d'une relation de confiance. Je vous propose maintenant de
les mettre au service d'actions communes, pour vos territoires et pour nos
compatriotes. L'ensemble de ces principes et de ces moyens serviront de
fondement à l'agenda territorial que le ministre en charge de la cohésion des
territoires, Christophe BÉCHU, et la ministre en charge des Collectivités
territoriales, Caroline CAYEUX, sont en train d'élaborer avec vous. Le premier
domaine dans lequel nous devons avancer ensemble, c'est la transition
écologique.
Ma conviction est simple : la réussite de la transition écologique,
sa justice et son acceptation par nos concitoyens, se joueront dans la relation
avec les élus locaux, et en premier lieu avec les maires. Nous nous sommes
fixé des objectifs ambitieux : réduire de 55 % nos émissions de gaz à effet de
serre, d'ici 2030, et atteindre la neutralité carbone, d'ici 2050.
Concrètement, cela veut dire que nous devons faire, en huit ans, plus que ce
que nous avons fait en 32 ans. Et nous devons également avancer ensemble pour
adapter nos territoires aux impacts du changement climatique, pour restaurer la
biodiversité, pour préserver nos ressources naturelles.
Pour réussir, nous
avons décidé d'une stratégie : la planification écologique avec France Nation
verte. Je compte sur votre audace, sur vos innovations et vos idées. Les
initiatives que vous portez dans vos communes, et parmi vous certains maires ont
été précurseurs, peuvent être des solutions pour tout notre pays demain, des
plus petites aux plus grandes communes, chaque territoire peut être un
laboratoire de la transition écologique et je pense notamment à nos outre-mer.
Au cœur des enjeux de la transition écologique se trouve un sujet qui vous
touche particulièrement, c'est la lutte contre la bétonisation de nos sols avec
le zéro artificialisation nette. Les sols sont déterminants face aux défis
environnementaux devant nous. Et pourtant, la France est l'un des pays d'Europe
qui artificialise le plus, plus rapidement que notre croissance démographique.
C'est une tendance que nous devions stopper et c'est pourquoi nous avons décidé
de réduire de moitié l'artificialisation d'ici 2030 et d'atteindre zéro
artificialisation nette, à l'horizon 2050. Un objectif qui existait déjà dans
certains territoires. Je mesure combien cet horizon change la façon même de
concevoir l'aménagement du territoire. J’entends les maires des communes dont
la population augmente et qui doivent construire de nouveaux logements. J'ai
échangé avec des maires ruraux, pour lesquels maintenir des constructions est
indispensable pour faire vivre leur village. La lutte contre
l’artificialisation ne doit pas raviver de vieilles querelles entre territoires
urbains et ruraux, et je pense en particulier aux maires de montagne. J'ai
dialogué avec des maires du littoral qui sont confrontés à l'érosion du trait
de côte. S'y adapter impose des aménagements considérables, évidemment
consommateurs de fonciers. Face à des situations diverses, nous devons
territorialiser et différencier nos objectifs. [Applaudissements]
Mesdames et
Messieurs les maires, je vous ai entendu. Alors, sans rien trahir de nos
ambitions, sans rien céder à notre volonté de mener la transition écologique,
je souhaite aujourd'hui vous apporter quelques réponses, fruits de nos échanges
et du travail mené sous l'égide de Christophe BÉCHU avec les collectivités et
les parlementaires.
Je vous confirme que les projets d'envergure nationale,
comme les lignes à grande vitesse ou les grands projets d'infrastructures, ne
seront pas décomptés à l'échelle de chaque région, mais bien à l'échelle
nationale. [Applaudissements] De cette manière, les territoires concernés ne
seront pas pénalisés par leur implantation. La liste de ces grands projets sera
arrêtée au premier trimestre 2023. Ensuite, nous adapterons rapidement, en
associant l'AMF, le décret relatif à la nomenclature de l'artificialisation
pour qu'il soit plus lisible et opérationnel. Nous voulons également tenir
compte des projets de renaturation. En cas de blocage à l'échelle d'un
territoire, des contrats entre l'État et le bloc communal doivent pouvoir être
conclus pour trouver des solutions.
Notre but sera d'ajuster nos objectifs pour
permettre un équilibre, entre développement de projets d'intérêt majeur et
sobriété foncière. Une prise en compte spécifique des territoires ruraux sera
également prévue. Nous voulons garantir que toutes les communes rurales
puissent bénéficier d'une possibilité de construction, en particulier
lorsqu'elles ont peu construit par le passé. [Applaudissements]
Pour pouvoir
agir, vous avez également besoin de capacités d'ingénierie. C'est pourquoi la
Caisse des dépôts développera un nouveau soutien en ingénierie, à hauteur de
200 millions d'euros. Nous accompagnerons en particulier les communes rurales.
Enfin, mon Gouvernement est prêt à travailler avec vous, si vous souhaitez
faire évoluer la fiscalité locale, pour mieux l'adapter aux exigences de
sobriété foncière. Nous devons vous donner les moyens de concilier
développement économique et transition écologique.
Mesdames et Messieurs, au
cœur des priorités que porte mon Gouvernement, se trouve également l'égalité
des chances. Là encore, c'est ensemble que nous réussirons. L'égalité des
chances, cela commence dès le plus jeune âge. Le président de la République a
pris l'engagement de construire un véritable service public de la petite
enfance. Avec le ministre des Solidarités, Jean-Christophe COMBE, avec vous,
cette réforme, nous la bâtirons ensemble. La République de l'égalité des
chances, c'est aussi celle qui assure la sécurité des Français. La sécurité
nécessite un engagement fort de l'État. Nous avons recruté 10 000 policiers et
gendarmes, au cours du précédent quinquennat, 3 000 le seront à nouveau dès
l'année prochaine. La loi d'orientation et de programmation du ministère de
l'Intérieur, adoptée au Sénat comme à l'Assemblée, va permettre une hausse de
moyens de 15 milliards d'euros de doubler la présence des policiers et des
gendarmes sur la voie publique d'ici 2030 et de créer 200 nouvelles brigades de
gendarmerie dans la ruralité. Plus nombreux et plus proches, les policiers et
gendarmes pourront mieux se coordonner avec les polices municipales. La loi Sécurité
globale, adoptée l'année dernière, renforce vos capacités d'action et
d'investissement pour agir aux côtés et en appui de l'État. Ensemble, nous
faisons du continuum de sécurité une réalité. À cet instant, je veux avoir un
mot particulier pour les 17 maires de Mayotte, confrontés quotidiennement à des
violences inacceptables. Avec le ministre de l'Intérieur et le ministre en
charge des outre-mer, nous serons à leurs côtés.
Agir pour l'égalité des
chances, c'est aussi répondre à la question des inégalités de santé. Je sais
combien elle préoccupe nos concitoyens. Vous vous en faites le relais,
notamment quant à l'inquiétude sur les déserts médicaux. Il s'agit de problèmes
ancrés, dont les solutions se construisent dans la durée. Je suis convaincue aussi
qu'elles se bâtissent à l'échelle de chaque territoire, en tenant compte de vos
problématiques et de vos initiatives. Nous devons raisonner à l'échelle de
chaque bassin de vie. Le ministre de la Santé, François BRAUN, y travaille.
Vous avez tout votre rôle à jouer, notamment en termes de prévention, et nous
avancerons sur ce sujet dans le cadre du Conseil national de la Refondation.
Enfin, parmi les grands défis qui se dessinent devant nous, il y a la réussite
des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Je veux saluer la mobilisation et
l'engouement de chacun. Je sais aussi les inquiétudes, vous l'avez rappelé,
Monsieur le président, de certaines communes, sur le maintien des
manifestations culturelles et des grands événements de l'été 2024. Avec l’AMF,
nous examinerons le calendrier et construirons une solution équilibrée. Un
travail a été initié par les ministres de l'Intérieur, des Sports et de la
Culture, pour trouver les ajustements nécessaires. Il va se poursuivre jusqu'à
la fin du mois en lien avec les maires, les organisateurs et les préfets.
Accueillir les Jeux olympiques et paralympiques, c'est un défi considérable en
termes de sécurité. C'est un défi considérable pour nos forces de sécurité
intérieure et nous devons être au rendez-vous. Mais d'ores et déjà, le travail
mené montre que la conciliation de ces deux impératifs est possible dès lors
que chacune des parties prenantes s'engage.
Mesdames et Messieurs, construire
la République de l'égalité des chances, enfin, c'est œuvrer résolument pour la
cohésion des territoires. Nous voulons continuer à agir pour les centres
villes. Depuis 2017, le programme Action cœur de ville a permis d'investir 5
milliards d'euros pour revitaliser les centres de vos communes. Comme les
ministres l'ont annoncé, nous allons le prolonger, jusqu'en 2026, avec un
budget renforcé et de nouveaux outils, notamment pour la transition écologique.
Nous voulons accroître nos efforts pour le développement des territoires
ruraux. Je sais combien les maires de la ruralité présents ici sont attachés
aux zones de revitalisation rurale. Le projet de loi de finances 2024 sera
l'occasion de poursuivre et d'améliorer ce dispositif. La secrétaire d'État en
charge de la ruralité, Dominique FAURE, y travaille en lien avec le ministre de
l’Économie et des Finances, Bruno LE MAIRE. Vous serez naturellement pleinement
associés à l’élaboration de ce dispositif. Nous voulons également bâtir une
République de la proximité, en faisant revenir les services publics partout sur
le territoire. C’est le sens de la réouverture de nouvelles sous-préfectures,
annoncée par le président de la République. C’est le sens du déploiement du
réseau France Services que nous allons poursuivre avec de nouvelles vagues de
labellisation en 2023.
Enfin, je veux avoir un mot pour tous les maires engagés
dans la politique de la ville. Je crois dans nos quartiers et dans leur
jeunesse. Avec le ministre en charge de la ville, Olivier KLEIN, nous
continuerons à agir. Je réunirai prochainement un comité interministériel des villes.
Il sera l’occasion de poser les premiers jalons du plan Quartiers 2030, que le
président de la République a annoncé. Il permettra également de présenter les
principales pistes de la réforme des contrats de ville et du zonage des
quartiers prioritaires.
Monsieur le président, cher David LISNARD, Mesdames et
Messieurs les maires, Mesdames et Messieurs les élus, être maire, c’est être à
la barre tous les jours de l’année, à toute heure du jour et de la nuit. Bien
souvent, c’est être considéré comme responsable de tout aux yeux de nos
concitoyens. C’est connaître des grandes satisfactions, mais aussi surmonter
des crises profondes. C’est avancer dans un avenir parfois incertain, en
faisant des choix parfois difficiles. Il y a finalement plusieurs points communs
entre la fonction de maire et la fonction de Première ministre. Au fond, nos
fiches de poste se ressemblent. Ces six premiers mois ont été l’occasion de
poser les fondements d’une nouvelle relation. Nous devons maintenant avancer
main dans la main, échanger, continuer à nous entretenir et je souhaite
rencontrer régulièrement les instances dirigeantes de l’AMF. Les maires sont le
cœur battant de notre République, ils sont la voix de nos territoires et des
aspirations de nos concitoyens.
Alors construisons l’avenir ensemble en
confiance.
Vive la République, vive la France !