L'engagement citoyen dans la sauvegarde du patrimoine

Ce contenu a été publié sous le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne.

Publié le 02/08/2023|Modifié le 02/08/2023

Val Prevel, 22 ans, s’engage depuis trois ans comme bénévole dans la restauration du patrimoine architectural. Parcours.

Val Prevel, bénévole à Rempart, s'initie à la taille de pierre
Val Prevel, bénévole à Rempart, s'initie à la taille de pierre - Source : Service d'information du Gouvernement
L’engagement citoyen peut revêtir bien des formes : aides à la personne, sécurité civile, missions d’éducation, aides dans les pays en voie de développement…  
Celui de Val Prevel - étudiante de 22 ans, qui entame sa 5e et dernière année d’odontologie -  s’exprime dans la préservation et la restauration du patrimoine architectural, et plus particulièrement celles de la Porte de Laon à Coucy-le-Château-Auffrique (Aisne), en tant que bénévole.
Comment Val a-t-elle découvert ce chantier ? En toquant à l’union des associations Rempart , en 2020. Sa mère, au même âge, avait foulé d’autres chantiers : inspiration et transmission. 
Un chantier « Rempart » réunit des bénévoles de tous âges, venus des quatre coins du monde, pour préserver les patrimoines bâtis ou naturels et les savoir-faire traditionnels. Les bénévoles abordent les techniques anciennes de taille de pierre, de la forge, la menuiserie, l’archéologie, la charpente, le vitrail.  
Concernant Val, très attachée, depuis 2020, à apporter sa pierre au projet de restauration de la porte historique du XIIIe siècle classée aux Monuments historiques, elle décide de poursuivre son aventure sur ce même chantier de Coucy. 2023 ne déroge pas à la règle. 
Pourquoi de nouveau Coucy-le-Château ? « En 2020, je pose ma première pierre sur un chantier d’envergure de plusieurs années. J’appartiens, en quelque sorte, à cette aventure...»
Source : Val nous dit son engagement citoyen à travers la sauvegarde du patrimoine

Apprentissage des techniques ancestrales

En 2020, la toute première année, Val s’initie à la menuiserie en réalisant des pièces de tenons-mortaises ou encore s’initie à l’« assemblage mi-bois », technique qui permet la réunion de deux pièces sur un même plan. L’objectif est la construction d’une porte pour l’édifice de Laon. 
2021. Nouveaux outils, nouveaux gestes, nouvelles techniques avec la sculpture : « nous avons réalisé des empreintes de marques lapidaires pour les exposer aux visiteurs. » Les marques lapidaires : ces signatures, ces traces, des tailleurs de pierre du Moyen Âge à la Renaissance. Une mémoire de ces hommes, de leurs gestes et leur compagnonnage contre l’oubli du temps. Ce n’est pas tout, Val met à profit l’apprentissage pour donner forme à un projet personnel : la reproduction d’une statue inspirée par les vestiges présents. 
2022. Le projet continue. Il se structure, avec la charpente : « nous avons fabriqué les solives des maisons », ces poutres horizontales sur lesquelles reposent les planchers. Val œuvre aussi au « bardage », la pose de revêtement, de l’atelier de charpente et celui de taille de pierre. 
Cette année 2023, au programme des nouvelles techniques : calepinage (dessin préparatif), maçonnerie au mortier de chaux… elle va tailler, brosser, sculpter de la pierre en suivant la façon des artisans du Moyen-Âge. Une fois mises en forme, ces pièces iront reconstituer les parements des remparts du XIIIe siècle de la Porte de Laon.   
En agissant pour la sauvegarde d’un patrimoine, outre l’acquisition des techniques de restauration, Val met aussi en avant le partage et l’envie collective intergénérationnelle d'œuvrer à un projet commun de restauration et de transmission à travers le temps.

J’y ai trouvé un grand respect de l’individualité de chacun et une envie d’apprendre de la part de tout le monde. J’ai senti l’envie forte de participer à quelque chose de concret et d’utile pour soi et pour le patrimoine en général.

Val Prevel

  • Etudiante bénévole à Rempart

Le patrimoine comme trait d’union

Chez Rempart, faire de la sauvegarde active du patrimoine l’affaire de toutes et tous autour d’un projet de construction et de transmission permet de concrétiser l’engagement, l’inclusion sociale à travers la rencontre interculturelle et le partage intergénérationnel. 

Mes attentes ont été surpassées. Je ne pensais pas, en arrivant à Coucy, rencontrer autant de personnes avec qui partager et me sentir à l’aise dans cette grande situation de groupe.

Val Prevel

  • Etudiante bénévole à Rempart
Piloté par l’Association de mise en valeur du Château de Coucy (AMVCC), le projet de restauration de cette forteresse médiévale du XIIIe siècle, classée aux Monuments historiques, prendra encore quelques années avant d’être achevée.
Adeline Kadrichargée de projets et d’administration au sein de l’AMVCC nous brosse un portrait du projet de restauration et nous explique pourquoi agir pour le patrimoine est un vecteur fort de citoyenneté active.

Vous êtes chargée de piloter l’opération de restauration de la Porte de Laon à Coucy-le-Château au sein de l’AMVCC. Pourriez-vous nous dire un mot de l’AMVCC ? 

L’AMVCC est une association née en 1972, dans le but de sauvegarder et de mettre en valeur le site de Coucy pour le faire redécouvrir au plus grand nombre. 

Quels sont vos liens avec Rempart ? 

Rempart est une union d'associations de  sauvegarde du patrimoine architecturel en France et à l'étranger. Son rôle est fédérer les nombreuses initiatives et de les faire connaitre. Notre association partage avec Rempart la même dynamique et les mêmes valeurs : la mise en valeur du site, l'éducation populaire, le développement local, la transition écologique, la transmission intergénérationnelle.

Pouvez-vous nous parler plus spécifiquement du projet de restauration de la Porte de Laon ?

La Porte de Laon est un ouvrage militaire datant du XIIIe siècle. Elle avait un rôle de défense avancée de Coucy-le-Château. Au cours de la Première guerre mondiale, elle fut malheureusement en grande partie détruite. 

Avec le soutien de la Ville de Coucy, nous avons proposé en 2012, au Conseil départemental de l’Aisne, un projet de conservation, de sécurisation et de mise en valeur de la porte de Laon. Les travaux de restauration ont démarré en août 2015. Ils consistent à renouveler les éléments détruits en se référant au plan architectural historique.


Justement, votre originalité consiste à employer les techniques médiévales d'époques. Pourquoi ce choix ? 

Par respect et cohérence avec la transmission de l'histoire du site.  Notre démarche va plus loin, elle est de redonner vie au monument par la transmission de savoir-faire.  

La transmission d'une œuvre patrimoniale -- la Porte de Laon est classée aux Monuments historiques -- par l'apprentissage de techniques d'époque, contribue à l'appropriation active de notre patrimoine. 

Nous proposons des stages techniques, ouverts à des personnes bénévoles, qui offrent la possibilité de s’initier à différentes techniques de construction : la forge et la ferronnerie d’art, la menuiserie, la charpente, la sculpture, la construction en torchis…


Comment cela se passe-t-il ? 

Les bénévoles reçoivent un enseignement théorique et pratique. Concrètement, ils apprennent à reconnaître les matériaux, à utiliser les outils traditionnels et à réaliser un ouvrage dans les règles de l’art. En complément de l’apprentissage pratique, ils reçoivent un apport plus théorique : supports écrits, visites spécifiques, conférences…

Nos stages sont pensés pour permettre de découvrir des techniques traditionnelles ou non et un métier en lien avec la restauration du patrimoine. Ils ne sont pas à proprement parler des formations professionnelles. Ils sont néanmoins encadrés par des professionnels diplômés. 


Est-ce que la sauvegarde du patrimoine est un vecteur de l’engagement citoyen ?  

Bien sûr ! Pour nous, et pour Rempart, le patrimoine avec ses chantiers de bénévoles est un support d’apprentissage de la citoyenneté.

Le patrimoine constitue un repère dans le temps et l’espace au sein d'une histoire commune. Le fait d’agir concrètement sur ce patrimoine, d’y laisser sa trace, après celles laissées par les bâtisseurs et par les autres « restaurateurs », et avant ceux qui participeront à l’avenir au projet, constitue une imprégnation personnelle ressentie comme telle par tous les participants.

Le patrimoine est à mes yeux porteur, plus que tout autre élément, de l’image identitaire d’un village ou d’une communauté et plus largement d'une appartenance nationale. 

Nos chantiers de bénévoles s’appuient sur des valeurs fortes de solidarité et d’entraide. Ils donnent de leur temps et de leur énergie à un projet collectif. Pour nous, choisir de faire appel à un chantier de bénévoles, c’est s’inscrire dans ces valeurs et promouvoir une citoyenneté active et participative.


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