Mesdames et
Messieurs les présidents des parlements nationaux,
Mesdames et Messieurs les
commissaires,
Mesdames et Messieurs les députés,
Mesdames et Messieurs,
Depuis
70 ans, la France a l’honneur et la fierté d’accueillir ici même à Strasbourg
le centre de la vie démocratique de notre union, le parlement européen.
70 ans,
une institution née au lendemain de la guerre, aux premières heures d'une
Europe voulue pour assurer la paix et qui, très tôt, a eu l'intuition qu'il
fallait un dialogue et une construction politique.
Une institution marquée par
des femmes et des hommes : c'est Robert SCHUMANN, parmi les pères fondateurs,
c'est Simone VEIL, première femme à présider le Parlement européen, C'est David
SASSOLI, ce grand Européen qui nous a quittés début 2022. C'est vous toutes et
tous les élus des citoyens européens qui ont porté les voix et les aspirations.
70 ans, c'est l'occasion de revenir sur une histoire, un parcours marqué par
des conquêtes essentielles.
Conquête du suffrage universel d'abord. Dans un premier
temps, les députés européens ont été désignés par les parlements nationaux.
Puis, le suffrage universel direct a été entériné en 1976 et les premières
élections se sont tenues en juin 1979. Dès lors, et depuis plus de 40 ans, vous
êtes devenus non seulement les députés européens, mais les députés des
Européens qui les représentaient directement.
Conquête de compétences ensuite.
Alors qu'il n'avait au début qu'un rôle de supervision, le Parlement européen
n’a cessé de gagner des pouvoirs plus étendus, prenant de nouvelles compétences
en matière de contrôle ou en matière législative, à chaque révision des traités
européens, jusqu’au traité de Lisbonne en 2009, qui a consacré la codécision
comme procédure législative ordinaire.
Tout ceci s’est fait au bénéfice du
Parlement européen, bien sûr, mais surtout au bénéfice de l’Europe toute
entière. Car là où le Parlement européen a gagné en compétence, l’Europe a
gagné en démocratie. Et cette démocratie, nous ne cesserons jamais de la
défendre. À l’heure où certains l’attaquent en Ukraine, à l’heure où les
régimes autoritaires veulent la faire passer pour faible, nous devons être
fiers de notre démocratie, fiers de nos valeurs. Car n'oublions pas que
derrière l'invasion de l'Ukraine, ce sont bien la démocratie et les droits
humains que la Russie attaque, c'est-à-dire le fondement même de ce qui nous
rassemble ici.
Par la vigueur de son action, par sa détermination à défendre
l'égalité, la liberté et la solidarité, le Parlement européen apporte un
démenti cinglant à ces tentatives destructrices.
Le cœur de la démocratie bat
ici même à Strasbourg depuis 70 ans.
Un anniversaire, c'est aussi l'occasion de
se projeter dans l'avenir. L'avenir immédiat, c'est celui de la fin de cette
législature où tant de chantiers majeurs sont engagés. Je pense à plusieurs
législations essentielles pour la transition écologique, avec le paquet « Fit for
55
», pour la réforme de l'espace Schengen, ce bien si précieux pour nos
concitoyens, pour la conquête de notre souveraineté, de nos souverainetés
énergétiques, numériques, technologiques, stratégiques, en mettant en œuvre
l'agenda de Versailles.
Cette liste n'est bien sûr pas exhaustive. Elle montre
néanmoins que vous êtes au cœur de tous les défis de notre temps. Les prochains
mois seront chargés. Vous pouvez compter sur la France pour favoriser des
accords et travailler à une Europe plus forte, plus solidaire, plus souveraine.
Sous l'autorité du président de la République, nous nous y emploierons.
Viendra
ensuite le temps des élections du Parlement européen. Cette respiration
démographique tous les 5 ans est structurante dans la vie de l’Union. Je forme
un vœu que cette élection soit l’occasion de vrais débats dans nos pays pour
que nous puissions continuer à construire ensemble une Europe des actes, une
Europe au service de nos concitoyens.
Mesdames et Messieurs les députés, je
terminerai mon propos par là où j’ai commencé en évoquant Strasbourg.
Strasbourg est un symbole, une ville qui porte en elle, la marque de
l’histoire. Dans ces temps où les nationalismes progressent et tentent de
réécrire le passé, dans ces temps où la guerre revient sur le continent
européen, nous ne devons jamais cesser de rappeler d'où vient l'Europe, ce
qu'elle a subi, pourquoi nous l'avons faite et ce qu'elle a accompli.
En
incarnant la réconciliation des peuples européens, Strasbourg montre la force
de l'Union et la puissance de la paix. Chaque mois, quand les acteurs européens
se retrouvent tous à Strasbourg, c'est de fait à notre histoire et à l'idée
même de l'Europe qu'ils rendent hommage. Bien sûr, des questions pratiques
peuvent exister et mon Gouvernement est pleinement engagé pour y apporter des
réponses. Mais cela ne doit pas nous détourner de l'essentiel.
Au fond,
Strasbourg, c'est une certaine idée de l'Europe. L'idée d'une Europe qui se
construit et s'écrit en différents endroits du territoire européen, d'une
Europe qui a son passé et son avenir en commun. Cette Europe-là, cette Europe
riche de la diversité de ses habitants et de ses territoires, c'est le meilleur
remède contre les discours délétères sur une Europe technocratique et
déconnectée.
La vitalité du Parlement européen, c'est la vitalité de l'Europe
et c'est pourquoi je souhaitais célébrer cet anniversaire important pour
l'Union avec vous toutes et tous membres du Parlement européen et à travers
vous, avec tous les Européens car cet anniversaire important nous concerne
tous.
Je vous remercie.