Élisabeth BORNE
Monsieur le Premier
ministre, cher Alexander,
Mesdames et
Messieurs,
je me réjouis
d'avoir co-présidé avec le Premier ministre DE CROO la quatrième rencontre dans
le format Val Duchesse.
Depuis de
nombreuses années, la France et la Belgique travaillent étroitement et
coordonnent leurs efforts pour lutter contre les menaces nombreuses, communes
et toujours plus complexes. Le précédent échange dans ce format en novembre
2021 à Bruxelles, s'était tenu en pleine épidémie de Covid. Si la crise
sanitaire semble derrière nous, nous faisons aujourd'hui face à des crises
nouvelles et multiples, des crises qui constituent autant de défis à relever
pour nos deux pays, au premier rang desquels l'agression russe en Ukraine.
Nos travaux aujourd'hui illustrent l'excellence de la
coopération franco-belge dans tous les domaines, une coopération qui se
renforce d'année en année. Nous avons construit
ensemble une relation de voisinage solide et durable. Cela vaut particulièrement en matière de sécurité où notre proximité et
la constance de notre travail sont essentielles à la protection de nos
concitoyens. Nous sommes convenus d'aller plus loin, notre coopération en matière de prévention et de lutte contre
l'extrémisme violent et le terrorisme est à l'origine du format Val Duchesse.
Elle demeure plus que jamais cruciale.
Je tiens, à cet égard, à saluer le
niveau de confiance exceptionnel qui s'est développé entre nos deux pays et qui
contribue à obtenir des résultats concrets. Dans le cadre du suivi des
procès des attentats de Bruxelles de mars 2016, avec des accusés déjà condamnés
en France pour les attentats de 2015, nous allons poursuivre les échanges
réguliers et la coordination de nos efforts. Nous souhaitons travailler
toujours plus étroitement ensemble.
Ensuite, la lutte contre la criminalité organisée
est un autre sujet de préoccupation partagé. La croissance du trafic de drogue
menée par des groupes criminels très violents, implantés dans plusieurs pays,
engendre des trafics d'armes et des règlements de comptes. C'est une menace
pour nos concitoyens, nous devons avoir une action forte et pour être efficace,
nous avons besoin d'une réponse coordonnée. Nous voulons notamment renforcer
notre coopération policière, judiciaire ou même technique dans nos ports
septentrionaux. C'est ainsi que nous lutterons plus efficacement encore contre
le fléau des trafics de stupéfiants et des autres infractions qu'il entraîne.
Ces efforts s'inscrivent dans une démarche plus large, celle de la coalition des pays européens contre la
criminalité organisée qui se réunira très bientôt à Anvers.
Nous sommes
également préoccupés par les risques croissants que la pression migratoire peut entraîner, notamment dans la Manche et en mer du Nord. Des groupes et des individus sans
scrupules se livrent à un trafic d'êtres humains au mépris des droits humains
et de la sécurité. Là encore, la France et la Belgique œuvrent ensemble à une
approche coordonnée contre le trafic de migrants, au niveau bilatéral comme à
l'échelle de l'Union européenne. Nous voulons continuer et aller plus loin.
Nous aurons notamment l'occasion de poursuivre nos échanges dans le cadre du
format dit de Calais, c'est-à-dire en lien avec l'Allemagne, les Pays-Bas, le
Royaume Uni et la Commission européenne. C'est ce que nous avions déjà fait à
la suite du drame de novembre 2021 qui avait coûté la vie à 27 personnes.
Nous avons enfin
abordé la question du Sahel et de
l'Afrique de l'Ouest où la situation sécuritaire et les risques de
déstabilisation sont extrêmement préoccupants. Vous le savez, la France
réorganise son dispositif pour renforcer l'approche partenariale fondée sur le
soutien aux armées locales, en lien étroit avec nos partenaires européens. Dans
cette perspective, nous entendons accompagner la montée en puissance des
partenaires africains qui nous en font la demande. Cette logique est également
celle de l'Europe où la France et la Belgique s'engagent conjointement dans le
cadre des programmes Équipe Europe. Dans ces zones, la menace terroriste ne
faiblit pas. Là encore, nous entendons agir au niveau européen en faveur du
maintien de la stabilité de la région.
Mesdames et
Messieurs, nous avons abordé une grande diversité de sujets dont beaucoup ont
des conséquences très directes, très concrètes, sur la protection de nos
concitoyens. Sur chaque sujet, les défis sont globaux et les réponses efficaces
impliquent de la coordination.
La France et la
Belgique sont déterminées à aller en ce sens, à toujours travailler plus
étroitement l'une avec l'autre. C'est toute la richesse de ce format Val
Duchesse qui nous permet d'apporter des réponses et de dégager des pistes
d'actions concrètes à notre échelle et à celle de l'Europe.
Je vous remercie et
cher Alexander, je vous cède la parole.
Alexander DE CROO
Merci beaucoup
chère chère Élisabeth,
Chères amies, chers
amis,
C'est toujours un
plaisir de venir ici à Paris et d'avoir l'occasion d'avoir des échanges avec
nos collègues français et de prendre le temps pour discuter de sujets, et à ce
moment-ci de sujets de sécurité : lutte contre le terrorisme, lutte contre le
crime organisé.
C'est la quatrième
fois déjà qu'on fait ce sommet qu'on appelle Val Duchesse. D'où vient le nom
Val Duchesse ? C'est l'endroit où, la première fois (inaudible) dans ce
format-là, il y a deux choses qui sont importantes.
D'abord, la qualité
des experts que nous avons autour de la table au niveau politique et au niveau
de nos administrations et du secteur privé, et l'excellente collaboration,
l'exemple de résultats que nous engrangeons ensemble dans un domaine qui n'est
d'évidence jamais un sujet facile.
Quelques sujets
qu'on a pu aborder ensemble : premièrement, naturellement, sécurité et
surtout lutte contre la drogue. Sujet, premier sujet auquel on a consacré aussi
le plus de notre temps. Tout d'abord suivi des attentats de Paris et de
Bruxelles.
Deuxièmement,
intensification de notre lutte commune contre le terrorisme, avec encore des
interventions qui ont eu lieu hier en Belgique et où la collaboration franco-belge
avait joué son rôle. Lutte contre le trafic d'êtres humains et lutte contre la
mafia de la drogue, où là aussi, cette semaine en Belgique, il y a eu une
grande intervention, mais qui était coordonnée au niveau international. On a eu
l'occasion aussi d'expliquer quelles sont les mesures qui ont été prises en
Belgique avec le plan contre la drogue XXL et où nos ministres concernés ont pu
donner des détails, par exemple les efforts qu'on fait dans le port d'Anvers.
Je salue aussi
d'ailleurs la présence ici de [inaudible], qui est notre commissaire national
de la lutte contre la drogue et qui, elle, a eu l'occasion de pouvoir échanger
avec, par exemple, les responsables du port du Havre et de Dunkerque. Parce
qu'on sait que naturellement, la lutte que nous menons, par exemple dans le
port d'Anvers, c'est une lutte commune et on ne peut pas l'affaire uniquement
dans un port. En fait, il faut essayer de le faire un maximum dans toutes nos
infrastructures, infrastructures de ports.
Deuxième sujet :
clairement, le sujet de l'énergie et de souveraineté industrielle. Un sujet que
nos deux pays mènent ensemble depuis quelques années. Par rapport à l'énergie,
je sais qu'il y en a certains ici qui attendent que je fasse des grandes
déclarations par rapport aux négociations entre l'État belge et Engie. Bien,
oui. On a pris l'occasion quand j'étais à Paris, naturellement, de se
rencontrer, comme on l'a fait plusieurs fois les semaines passées. Je dirais
que le fait qu'on continue à se rencontrer est plutôt une bonne nouvelle parce
qu'à chaque fois qu'on se rencontre, on fait un pas en avant. Mais on a encore
besoin de quelques jours avant de pouvoir aboutir à une conclusion et une
conclusion qui, je pense, est importante au niveau politique aussi, le fait que
et la France et la Belgique aient un avenir nucléaire est une bonne chose pour
les deux pays.
Et on voit aussi
qu'il y a d'autres pays, comme les Pays-Bas par exemple, qui se construisent un
futur dans lequel la combinaison et le renouvelable et le nucléaire jouera son
rôle. Content aussi qu'on a pu échanger sur le sujet de cette collaboration
entre Technip et John Cockerill dans le domaine de l'hydrogène. Vraiment de
belles entreprises qui avaient une complémentarité énorme capacité
d'industrialisation de Technip et connaissance de l'hydrogène dans le cas de
John Cockerill, cette nouvelle coopération qui s’appelle Rely (phon) est un bel
exemple de qu’est-ce qu’on peut faire quand on se met ensemble.
On a pu échanger un
peu aussi sur le suivi du sommet de la Mer du Nord, des pays de la Mer du Nord
qui a eu lieu la semaine passée à Ostende. C’est clair que naturellement la
France, avec un littoral de 4 000 km, les entreprises belges voient beaucoup
d’opportunités. Mais on sait très bien naturellement que ce n’est pas toujours
des sujets faciles et que construire une acceptation par rapport aux parcs
d’éoliennes dans la Mer du Nord, c’est quelque chose que la Belgique… Nous, on
investit dans ce domaine depuis 20 ans mais on se réjouit naturellement des
ambitions françaises dans ce domaine-là.
Dernier sujet,
avant-dernier sujet est le sujet de la défense, défense où on a pu échanger
naturellement par rapport à des opérations que nous avions ou que nous avons en
commun, mais surtout aussi un volet là aussi industriel. Le sujet de défense
est un sujet devenu sécuritaire mais aussi industriel. Là aussi, des
entreprises belges et françaises travaillent ensemble d’une manière intense. Ça
nous aide par rapport à notre compétitivité, ça nous aide dans notre capacité
d’innovation et ça nous aide à avoir plus d’autonomie stratégique.
Hier, j’avais
l’occasion de rencontrer le président ZELENSKY à La Haye, ensemble avec mon
collègue Mark RUTTE. C’était mon occasion d’échanger sur la situation en
Ukraine. Il est clair que l’engagement français et belge pour continuer à
soutenir nos amis ukrainiens est intact, et je le dirai en anglais parce que
c’est une phrase qu’on connaît tous : We will do whatever it takes. « Whatever
it takes », c’était Mario DRAGHI qui à un moment donné avait dit « Je
ferai ce qui est nécessaire pour sauvegarder l’euro ». Je pense qu’on est
dans la même situation : on fera ce qui est nécessaire pour aider les
Ukrainiens à défendre les valeurs qui sont vraiment nos valeurs communes de
démocratie, de liberté et de respect.
Donc, ravi d’avoir
eu l’occasion d’échanger sur beaucoup de sujets et de pouvoir faire la
connaissance de beaucoup de nos collègues français, et j’imagine que c’est
réciproque mais vous vous connaissez assez bien parce que vous travaillez bien
ensemble dans tellement de forums internationaux.
Donc, ravi d’être
ici et on se réjouit d’une continuation de ce format Val Duchesse.