Honneurs funèbres militaires aux gendarmes Nicolas Molinari et Xavier Salou

Publié 24/05/2024|Modifié 24/05/2024

Le Premier ministre, Gabriel Attal, a rendu hommage au gendarme Nicolas Molinari et à l'adjudant-chef Xavier Salou, décédés les 15 et 16 mai en Nouvelle-Calédonie.

Gabriel Attal pendant l'hommage aux gendarmes Nicolas Molinari et Xavier Salou.

La Nouvelle-Calédonie, c'est comme un lien fort et indestructible pour tous les gendarmes qui en ont foulé le sol, un lien qui dépasse les grades, les âges, les missions. Un lien qui ne s'estompe pas, qui ne s'estompe jamais, même des années après.

Gabriel Attal

  • Premier ministre
Gabriel Attal au Fort de Charenton-le-Pont pour rendre hommage aux gendarmes Nicolas Molinari et Xavier Salou.

Honneurs funèbres au Major Xavier Salou et au Maréchal des logis-chef, Nicolas Molinari.

Gabriel ATTAL

Mesdames et Messieurs les ministres, 

Mesdames et Messieurs les préfets, 

Mesdames et Messieurs les Parlementaires, 

Monsieur le président du Conseil départemental, 

Madame la maire, 

Mesdames et Messieurs les maires et les élus, 

Monsieur le chef d’état-major des armées, 

Monsieur le directeur général de la Gendarmerie nationale, 

Mesdames et Messieurs les officiers généraux, officiers, sous-officiers, gendarmes, adjoints volontaires et personnels civils de la Gendarmerie nationale, 

Madame Brigitte MACRON, 

Chères familles,

Mesdames et Messieurs, 

Deux gendarmes, la jeunesse et l'expérience, Melun et Satory, mais surtout deux soldats de la loi au service de la France. Deux militaires engagés pour la France, engagés pour la servir, engagés pour la mission. Deux de vos frères d'armes, dont l'écho de la voix résonne encore, dont les mots et les gestes sont irremplaçables, dont le souvenir est gravé dans la mémoire de leurs camarades, dans l'histoire de la Gendarmerie nationale, dans l'âme de la France. 

Car oui, deux gendarmes sont tombés parce qu'ils servaient la République. Deux gendarmes sont tombés pour rétablir l'ordre, pour protéger nos concitoyens. Deux gendarmes sont tombés, portant l'uniforme de la France, face aux émeutes et aux violences. Pour les gendarmes mobiles, la Nouvelle-Calédonie n'est jamais une mission comme les autres. C'est une terre que presque chacun a foulée un jour ou l'autre au sein de son parcours. C'est un lieu qui marque, qui marque par sa splendeur d'abord, la splendeur d'un ciel à qui seul le bleu azur semble convenir, de lagons aux couleurs vives, de vallées et de cimes où la nature n'a perdu aucun de ses droits. 

C'est un lieu qui marque surtout par le poids de l'histoire car, bien vite, tous les gendarmes qui en foulent le sol sont rattrapés par le poids du passé, rattrapés par la mémoire de troubles vifs et d'affrontements féroces, rattrapés par le souvenir de la violence des détonations, du crépitement des incendies, rattrapés par la mémoire, encore vive, de ceux qui sont tombés ici. La Nouvelle-Calédonie, c'est comme un lien fort et indestructible pour tous les gendarmes qui en ont foulé le sol, un lien qui dépasse les grades, les âges, les missions. Un lien qui ne s'estompe pas, qui ne s'estompe jamais, même des années après. 

Major Xavier SALOU, Maréchal des logis-chefs Nicolas MOLINARI, depuis plusieurs jours déjà, les affrontements étaient durs, constants, éprouvants. La violence soufflait sur l'archipel. Une violence inouïe, qui semblait ramener le Caillou 40 ans en arrière. Une violence sans borne, sans distinction : des magasins pillés, des bâtiments incendiés, des barrages dressés, des femmes et des hommes détroussés, des coups donnés, assénés, des balles qui s'échangent, des tirs qui partent, des blessés, des morts. Voilà la réalité de ce qu'affrontent, depuis plusieurs jours, sans discontinuer, gendarmes et policiers de Nouvelle-Calédonie.

« Forces de l'ordre », ce mot n'a jamais pris autant de sens. Car c'est bien l'ordre qu'il faut rétablir, et rétablir vite avant que la situation ne dégénère encore. Car c'est bien l'ordre qu'il faut rétablir pour laisser une place et une chance au dialogue, pour retrouver l'espoir de vivre ensemble, auquel chaque violence est un coup porté. Car c'est bien l'ordre qu'il faut rétablir pour protéger toujours, encore et toujours, les Calédoniennes et les Calédoniens, premières victimes de ces émeutes. Rétablir l'ordre, telle est la mission des gendarmes mobiles. Le Maréchal des logis-chef, Nicolas MOLINARI, n'avait que 22 ans. Le retour était proche pour son escadron. Depuis janvier, avec ses camarades de Melun, il arpentait les routes de Nouvelle-Calédonie dans ce qui était sa première mission hors de l'Hexagone. Il n'avait que 22 ans, et pourtant déjà, il était un visage, un nom, un pilier pour son escadron. Il avait déjà prouvé sa valeur, son courage, son engagement à toute épreuve. Et puis, vint le 14 mai, le 14 mai et cette mission pour garder l'un des derniers centres commerciaux encore exempts de pillage de tout le Grand Nouméa, cette mission pour préserver l'accès aux vivres, pour aider les populations. Face à lui, face à ses frères d'armes, un acharnement, un barrage dressé, la violence pour tenter de faire reculer l'ordre, des rafales de tirs pour tenter de faire céder les soldats de la loi. Mais ils ne cèdent pas, la gendarmerie ne cède pas, la République ne cède pas. 

Et puis, vint le 15 mai, depuis plus de 37 heures avec son groupe, le Maréchal des logis-chef MOLINARI, tient fermement sa position. Depuis plus de 37 heures, il tient entre assauts et fragiles accalmies. Depuis plus de 37 heures, grâce à lui, grâce à ses camarades, l'ordre tient. La fatigue n'existe plus pour ceux qui sont guidés par le courage porté par la République, alors ils tiennent. Il est un peu plus de 20 heures, ce 15 mai, le temps semble suspendu. Un groupe vient à la rencontre des gendarmes, à la rencontre du Maréchal des logis-chef, Nicolas MOLINARI. Le dialogue s'engage, calme. Ce dialogue, il en était un maître, lui qui savait toujours trouver le bon mot. Le dialogue s'engage et le Maréchal des logis-chef MOLINARI retire son casque pour mieux entendre, pour mieux écouter, pour mieux comprendre, pour apaiser. Le dialogue s'engage quand soudain un coup de feu retentit. Un coup de feu vif, précis, qui vient briser le calme. Ce coup de feu, lâcheté infinie, le vise et le tue. La riposte s'engage, les affrontements reprennent. Ses camarades admirables le prennent immédiatement en charge, mais il est trop tard. Il est déjà trop tard. Le Maréchal des logis-chef, Nicolas MOLINARI, emporte avec lui une part de notre jeunesse. Cette jeunesse qui trouve un sens dans le service de la nation. Cette jeunesse si présente dans les casernes de la gendarmerie, dans toutes les forces armées, qui se donne pour la France et s'engage pour la République. Car gendarme, il l'était pleinement ; car militaire, il l'était pleinement. Toujours prêt à agir, toujours prêt à servir, toujours volontaire, même pour les tâches les plus ardues, même pour les tâches parfois ingrates. 

Le Maréchal des logis-chef Nicolas MOLINARI emporte avec lui des éclats de rire. Ces rires qu'il savait provoquer, même dans les situations les plus graves, même dans les situations les plus lourdes. Ces rires contagieux, cette joie de vivre qu'il communiquait à toutes celles et ceux qu'il croisait. Ces rires qui faisaient de lui un camarade aimé, recherché, avec qui le temps passait plus vite, avec qui la mission semblait moins lourde. Ces éclats de rire qui ont fait de lui MOLI, un pilier de l'unité, un confident, un ami, un camarade aux danses, à l'appétit légendaire, mais un appétit surtout de vivre, lui qui croquait la vie à pleines dents. Nicolas MOLINARI emporte avec lui la passion, la passion pour l'engagement, passion pour la vie de jeunes, pour la vie de son jeune et prometteur escadron, passion pour sa famille, ses parents, sa sœur, qui étaient tant pour lui, passion pour sa compagne qu'il avait hâte de retrouver. 

Le Maréchal des logis-chef Nicolas MOLINARI a porté haut le drapeau de la France, porté haut les couleurs de la République, et pour elle, il est tombé, tombé au bout de sa mission.

 Le Major Xavier SALOU était le visage de l'expérience. Il connaissait la gendarmerie comme personne, intimement. Elle était sa vie, sa passion, son engagement. Elle était le destin qu'il avait choisi. Il connaissait la Nouvelle-Calédonie aussi. Il était arrivé avec ses frères d'armes de Satory il y a quelques semaines à peine, mais c'était pour lui la huitième mission sur le sol calédonien. Cette Nouvelle-Calédonie, il l'aimait. Il l'aimait pour sa beauté, sa diversité. Il l'aimait pour ses profondeurs. Lui, l'amateur inconditionnel de plongée, passion transmise par son père, partagée avec son frère. Il l'aimait parce que la mission prenait tout son sens ici et qu'il pouvait s'y consacrer tout entier. Nous sommes le 16 mai. Depuis des jours, avec son détachement, le Major Xavier SALOU est en première ligne. En première ligne pour défendre la Caserne Bailly face aux assauts incessants des émeutiers. En première ligne pour protéger nos services publics, pour veiller à ce qu'ils perdurent, pour évacuer les femmes enceintes, pour que la vie continue sur Le Caillou. 

Nous sommes le 16 mai. Le soleil tombe sur le Grand Nouméa. Soudain, on apprend que la brigade de gendarmerie Saint-Michel est menacée. Ordre est donné d'intervenir, de venir en renfort aux frères d'armes assaillis. Alors que la Caserne Bailly se remet à peine d'un affrontement, le Major SALOU s'apprête à repartir. À repartir parce que telle est la mission, à repartir parce qu'on ne laisse jamais un gendarme en danger, jamais un camarade derrière soi. À bord de son blindé, il monte le premier. Son véhicule sera en tête de colonne et interviendra en première ligne. Deux de ses frères d'armes le suivent et montent à leur tour. Soudain, alors qu'il s'apprête à prendre le chemin du devoir, sa radio ne passe pas. Un grésillement remplace le son des voix. Alors il sort le buste de la tourelle du véhicule, et là, un coup part. Un coup qui le touche. Ses camarades se précipitent vers lui, lui portent secours, mais en vain, car il est déjà trop tard. 

Major Xavier SALOU, la gendarmerie, le service de la France, était pour lui une vocation. Suivant les traces de son frère, il devient élève gendarme et gravit un à un les échelons. Spécialisé dans les blindés, il était ce chef que l'on espère, que l'on respecte, celui qui pousse à se dépasser et qui transmet. Oui, transmettre, c'était sa passion. Il était de ceux qui croient en la jeunesse, de ceux qui prennent du temps pour la comprendre, pour la conseiller, pour la guider. Chaque nouvelle recrue savait qu'elle pouvait compter sur lui et qu'il prendrait toujours le temps pour expliquer, pour former, pour aider. De la Nouvelle-Calédonie à l'Hexagone, du Kosovo à Mayotte ou à la Centrafrique, dans chaque mission, il savait se montrer précieux, décisif, déterminant. Il était un exemple à suivre, connu pour sa bravoure et pour sa maîtrise. Un exemple à suivre, apprécié, respecté, recherché, car sa simple présence rassurait. Il était heureux de servir, portant avec fierté l’uniforme de la gendarmerie, heureux, si heureux parmi les siens, auprès de sa compagne Marie-Hélène, de ses enfants Lise et Jules, eux qui l’aimaient tant, lui qui les aimait passionnément. 

Aujourd’hui, c’est la nation toute entière qui se tient à leurs côtés. À travers les missions et les continents, jusqu’à son dernier souffle, le Major Xavier SALOU, lui aussi, a fait honneur à notre drapeau, honneur à la République. Notre reconnaissance est infinie. Officiers, sous-officiers, gendarmes adjoints volontaires et personnels civils de la gendarmerie, la gendarmerie nationale c’est un idéal, celui de s’engager pour son pays, celui de tout sacrifier parce que rien n’est plus important que la vie et la sûreté de ses concitoyens, celui d’intervenir aussi partout en France ou à l’étranger, là où la situation demande de la compétence, de l’engagement, du coeur. 

C’est un idéal français, tellement français, un mélange de grandeur d’âme et d’humilité, de courage et de fidélité, un lien unique avec nos concitoyens. Visage de la loi partout sur le territoire. Visage du service partout où nos concitoyens en ont besoin. Visage de la mission, toujours, pour protéger, pour veiller à la sérénité de la France, à la sécurité des Français. Toutes et tous, chacun dans leur mission, depuis la mobile jusqu'aux brigades de la départementale, depuis le cœur de notre Hexagone jusqu'aux confins de nos Outre-mer, la Gendarmerie nationale veille sur la France. Et chaque jour, notre pays se sait plus sûr, plus fort, grâce à la Gendarmerie nationale, grâce aux femmes et aux hommes qui servent sous son uniforme.

Oui, la Gendarmerie, c'est un idéal, un idéal qui pousse des jeunes hommes et des jeunes femmes à servir sous le drapeau, à protéger notre pays et nos compatriotes, sur tout notre territoire national et à l'extérieur de nos frontières. C'est un idéal qui place la force morale, l'action, au service des autres et au service de la patrie au-dessus de tout. Le Major Xavier SALOU, le Maréchal des logis-chef Nicolas MOLINARI ont été les soldats de cet idéal, jusqu'au bout de l'engagement, jusqu'au sacrifice ultime. 

Aujourd'hui, en Nouvelle-Calédonie, la mission continue. Là-bas, leurs frères d'armes, les femmes et les hommes de la Gendarmerie sont toujours à pied d'œuvre pour veiller au retour au calme. La mission continue. Et ils restent sur le qui-vive, courageux, vigilants, aux côtés des forces de police, aux côtés des forces armées. La mission continue, portée par leur souvenir, car en Nouvelle-Calédonie, les conseils du Major SALOU guident ses frères d’armes. Et certains, vérifiant leur blindé avant de prendre la route semblent encore entendre le son de sa voix. Car partout en France, des dizaines de jeunes, qu’il avait pris sous son aile, font vivre ses enseignements, honorent sa mémoire. La mission continue, aidée par leur souvenir, car en Nouvelle-Calédonie, des femmes et des hommes tiennent bon en pensant à une de ces danses, à un de ces mots, un de ces conseils du Maréchal des logis-chef Nicolas MOLINARI. Des femmes et des hommes tiennent, inspirés par son courage, son esprit de sacrifice et son dévouement. Car à Saint-Paul-Trois-Châteaux, Romans-sur-Isère, Montluçon et bien sûr à Melun, il lègue à ses frères d’armes une trempe, un tempérament, un esprit de corps et une volonté de dépassement. 

La mission continue parce qu’il reste des femmes et des hommes à protéger, parce qu’il reste l’ordre à rétablir. La situation aujourd’hui reste extrêmement fragile en Nouvelle-Calédonie. Un rien peut la faire vaciller. Mais si nous savons une chose, une chose avec certitude, c’est que ce déchaînement de violence, détruit et déchire ; que ce déchaînement de violence ne résoudra jamais rien. C’est que les voies du dialogue seront toujours couvertes par le bruit des émeutes et que le consensus ne peut se trouver quand le désordre règne.

Alors sous l’autorité du président de la République, avec le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, avec l’ensemble de mon Gouvernement, c’est notre premier combat, notre première mission : rétablir le calme, obtenir l’apaisement. L’apaisement préalable essentiel pour construire l’avenir du Caillou. Cet apaisement, ce dialogue, c’est celui auquel œuvre le président de la République en se rendant sur place, en écoutant les acteurs, en créant les conditions de dialogue. C’est notre mission, notre volonté, notre objectif. C’est le chemin pour dessiner l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Et pour l’atteindre, nous savons ce que nous devons.

La République sait ce qu’elle doit aux forces de l’ordre, aux soldats de la loi qui s’engagent pour servir, qui s’engagent pour ramener l’ordre, qui s’engagent pour que force aille toujours à la loi. Major Xavier SALOU, Maréchal des logis-chefs Nicolas MOLINARI, je veux vous faire une promesse : nous serons au rendez-vous. Nous puiserons dans votre exemple la force de continuer la mission. Nous garderons dans le cœur votre soif de servir. Nous ferons vivre votre engagement et vos valeurs, les valeurs pour lesquelles vous avez servi, les valeurs pour lesquelles vous êtes tombés. 

C’est ainsi, je le crois, que nous pourrons honorer dignement votre mémoire.

 Vive la Gendarmerie nationale. 

Vive la République et vive la France.

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