Faire du partenariat franco-allemand le moteur du consensus européen

Ce contenu a été publié sous le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne.

Publié le 25/11/2022

La visite officielle en Allemagne de la Première ministre, ce 25 novembre 2022, a permis d’assurer le suivi des engagements européens de la France et de l'Allemagne, notamment en matière de soutien à l'Ukraine et de coopération énergétique, avec la signature d'un accord franco-allemand de solidarité.

Retrouvez en vidéo la déclaration de la Première ministre Élisabeth Borne et du Chancelier Olaf Scholz, se félicitant de la qualité de la coopération franco-allemande pour relever les défis qui attendent l'Union européenne.
Source : Visite officielle d’Élisabeth Borne en République fédérale d'Allemagne

Déclarations de la Première ministre Élisabeth Borne et du Chancelier de la République fédérale d’Allemagne Olaf Scholz.

Olaf SCHOLZ

C’est un grand plaisir d'accueillir Élisabeth BORNE, à Berlin.

Il est tout à fait évident que plus les temps sont difficiles, plus le partenariat franco-allemand est important et notre entretien, aujourd'hui, a prouvé, encore une fois, à quel point notre coopération entre nos deux pays est empreinte de confiance, est étroite, afin de relever les défis actuels ensemble.

Cette semaine, il y a eu toute une série de réunions franco-allemandes. Plusieurs ministres se sont rendus à Paris. Et aujourd'hui, tu es venue à Berlin. C'est la preuve même, pour l'échange étroit, et la qualité de notre partenariat.

L'agression russe contre l'Ukraine fait que nous avons un message commun à faire passer. Les bombardements russes d'infrastructures civiles qui sèment la terreur doivent cesser. La Russie doit mettre un terme à la guerre et doit immédiatement retirer ses troupes. La France et l'Allemagne sont solidaires, aux côtés de l'Ukraine et nous œuvrons inlassablement pour continuer à soutenir l'Ukraine.

Actuellement, notre priorité, c'est le rétablissement des infrastructures d'énergie. C'est un sujet dont nous avons longtemps parlé. En raison de l'agression russe de l'Ukraine, nos pays font face à des défis majeurs cet hiver, surtout avec la flambée des prix de l'énergie et des denrées alimentaires. Avec un soutien ciblé pour tous ceux qui en souffrent le plus, la France et l'Allemagne apportent une contribution décisive, afin d'atténuer les conséquences sociales et éviter des clivages sociaux, afin de préserver notre base économique.

Aujourd'hui, en Allemagne, nous avons adopté deux décisions majeures. Le Bundesrat a adopté l'introduction du Bürgergeld, à partir du 1ᵉʳ janvier, ce qui prévoit une augmentation considérable des prestations, et nous avons également autorisé une augmentation de l'allocation pour le logement et nous avons adopté le budget pour 2023, qui fixera le cadre pour nos activités l'année prochaine.

La France et l'Allemagne renforcent leur coopération dans le domaine de l'énergie, de façon solidaire et dans un esprit de bon voisinage. Dès maintenant déjà, nous mettons de l'électricité à disposition de la France et dans le domaine de la livraison du gaz, nous avons profité de la coopération avec des partenaires européens fiables, aussi de la France.

Et c'est cette forme de la solidarité énergétique que nous venons de renforcer avec une déclaration commune. Les amis se soutiennent en cas de crise, et l’Allemagne et la France vivent la solidarité européenne. Et, c’est, peut-être, également ce qui décrit très bien nos délibérations aujourd'hui.

Le Conseil des ministres a pris une décision importante, par écrit, parce que c'est très important, à savoir qu'il y aura un plafond pour les prix de l'électricité et du gaz. Nous avons, donc, ce plafond pour que les citoyens et citoyennes puissent mieux gérer cette situation de la flambée des prix. La coalition a intensément travaillé sur ces questions et nous avons trouvé un bon accord avec notre esprit d'équipe, et cela concerne surtout la coopération avec le ministre HABECK et le ministre LINDNER. Parce que nous avons une très bonne coopération par rapport à cette question. Notre gouvernement fait tout pour que notre pays traverse cet hiver.

À part la politique énergétique, il y a encore de nombreux autres domaines où l'Allemagne et la France souhaitent contribuer au progrès. Nous avons donc discuté de la politique climatique de l'Union européenne pour la faire avancer avec des objectifs ambitieux. Et quelles réformes institutionnelles sont nécessaires, quelles conditions cadres sont nécessaires pour que l'Union européenne reste un acteur fort, capable d'agir à l'avenir ? Cela démontre, encore une fois, que les relations franco-allemandes sont très denses, très riches, et nous sommes constamment en train d'approfondir ces relations. Nous souhaitons aménager ce partenariat pour le bien de nos deux pays, pour le bien de l'Europe, l'un à côté de l'autre.

Donc merci encore une fois d'être venue.

 

Élisabeth BORNE

Merci Monsieur le Chancelier, cher Olaf,

Mesdames et Messieurs.

Je tenais, tu le sais, cher Olaf, beaucoup à ce voyage. L'amitié entre nos deux pays est déterminante. Elle a déjà montré qu'elle pouvait résister aux épreuves et surmonter bon nombre de défis. Elle a déjà prouvé qu'elle pouvait construire des solutions et faire avancer l'Europe.

Monsieur le Chancelier, Cher Olaf, nous sommes au cœur d'un de ces moments critiques pour notre continent. Un de ces moments où la force de la relation franco-allemande redouble d'importance. Cette visite, avec la secrétaire d'Etat chargée de l'Europe, marque notre volonté de renforcer encore nos relations et de préparer les prochaines échéances bilatérales et européennes.

Monsieur le Chancelier, je suis très heureuse de l'échange que nous avons pu avoir. Nous avons abordé plusieurs sujets clés, plusieurs sujets graves.

Graves, car notre continent traverse des crises profondes, renforcées par l'invasion russe en Ukraine. Mais je vois également, dans cette période, des signes d'espoir, dans l'unité des Européens face aux crises, une unité qu'il faut maintenir, dans notre engagement commun à sortir de notre dépendance aux énergies fossiles.

Enfin, je vois un signe d'espoir dans les initiatives que l'Union européenne a su prendre ces derniers mois pour renforcer son unité dans tous les domaines, y compris stratégiques.

Je tiens à saluer, à cet égard, votre engagement, Monsieur le Chancelier, notamment à travers deux discours importants. Celui du 27 février, tout d'abord, qui a constitué un tournant dans la politique étrangère allemande, et celui du 29 août, à Prague, dans lequel vous appelez de vos vœux la consolidation d'une Europe géopolitique souveraine et pleinement maîtresse de son destin. Ce sont des objectifs auxquels nous souscrivons pleinement, nous voulons les incarner dans des actes et nous voulons y parvenir ensemble.

Dans ce contexte, nos deux pays, la France et l'Allemagne, endossent une responsabilité historique. Si nous avons dû prendre la décision, ensemble, de reporter de quelques semaines la réunion du Conseil des ministres franco-allemand, c'est que nous souhaitions nous donner le temps de travailler à une réponse à la hauteur des défis face à nous.

Nous avançons, je dirais même que nous avançons bien. Le 26 octobre, lors de votre rencontre avec le président de la République, nos pays se sont accordés pour un dialogue bilatéral approfondi sur l'énergie, le spatial, l'innovation et la réponse à l’Inflation Reduction Act américain, dont l'ambition louable de répondre à l'urgence climatique, ne doit pas conduire à des distorsions de concurrence entre l'Europe et les États-Unis. Il s'agit de répondre à certaines urgences mais aussi de réfléchir à l'Europe dans laquelle nous voulons vivre demain. Nous avons eu l'occasion d'évoquer certains de ces sujets ensemble, notamment la question énergétique. J'y reviendrai. Et le dialogue se poursuit à tous les niveaux.

Ma visite, aujourd'hui, vient clore une semaine intense d'échanges franco-allemands, puisque 3 membres de votre gouvernement se sont rendus à Paris et que la ministre française de la Culture assistait, hier, à Berlin, à la cérémonie de passation entre les ministres plénipotentiaires pour les relations en matière d'éducation et de culture entre la France et l'Allemagne. Je félicite à cet égard Madame REHLINGER pour ses nouvelles fonctions et remercie chaleureusement Monsieur WUST, ainsi que Monsieur LASCHET, pour la grande qualité du travail, d'ores et déjà accompli. Je me réjouis également de l'adoption, hier, de notre stratégie sur l'apprentissage de la langue du partenaire, qui permettra de développer de nouvelles mobilités et innovera pour mieux faire connaître et aimer le français en Allemagne et l'allemand en France. Ces événements et initiatives sont autant de jalons vers le prochain Conseil des ministres franco-allemand, autour du 60ᵉ anniversaire du traité de l'Elysée, en janvier prochain.

Parmi les sujets que nous avons pu aborder aujourd'hui, j'aimerais dire un mot sur la crise énergétique qui mobilise pleinement nos deux gouvernements et qui a été au cœur de mon déplacement. Notre priorité commune doit être d'en atténuer les effets, pour nos concitoyens, notamment les plus vulnérables, nos entreprises et nos collectivités. Il est essentiel d'adopter des mesures pour ramener les prix de l'énergie à des niveaux raisonnables, c'est-à-dire à des niveaux liés à la réalité des coûts de production, en évitant les effets d'aubaine et les effets spéculatifs. À cet égard, les mesures européennes, d'ores et déjà adoptées, sont utiles. Je pense, en particulier, à la captation de la rente infra-marginale pour l'électricité, qui permet de redistribuer le surplus aux consommateurs. Je pense aussi, pour le gaz, aux mécanismes des achats groupés, qui permettront de sécuriser nos approvisionnements et d'éviter la concurrence entre partenaires. Sur ce sujet, je salue l'accord de principe obtenu hier à Bruxelles, lors du conseil énergie.

Mais, nous devons aller plus loin, en limitant l'augmentation des prix du gaz et en portant une réforme structurelle du marché de l'électricité, pour permettre durablement aux consommateurs de payer des prix en phase avec la réalité des coûts de production. Nous avons eu l'occasion d'en discuter. La bonne réponse sera en tout état de cause européenne et je suis convaincue que nous pouvons converger autour d'une solution pleinement protectrice. Comme le président de la République, j'y suis déterminée et je travaillerai d'arrache-pied.

La crise énergétique que nous traversons doit également nous conduire à renforcer notre solidarité énergétique. Certains, comme souvent, dévoient le patriotisme pour attiser les peurs et opposer les peuples. Pourtant, une fois de plus, les partisans du chacun pour soi plaident, en fait, contre leur propre pays.

Nous le savons bien, Monsieur le chancelier, et nos deux pays ont besoin l’un de l’autre pour surmonter les tensions énergétiques de l’hiver. Aussi, pour répondre à l’urgence et préparer l’avenir, l’Allemagne et la France ont conclu aujourd’hui un accord de solidarité. C’est un texte déterminant qui aura des effets concrets et protecteurs pour nos deux peuples. Nous voulons à la fois diversifier nos sources d’approvisionnement, renforcer la production d’énergie décarbonée sur nos territoires et investir dans les énergies et les vecteurs énergétiques de demain, notamment l’hydrogène. Au-delà des décisions parfois difficiles qu’il a fallu prendre pour faire face à l’urgence, cette crise énergétique doit nous pousser à accélérer notre sortie des énergies fossiles. Avec l’objectif de neutralité carbone en 2050, nous disposons d’un cadre européen très clair, auquel nos deux gouvernements sont particulièrement attachés.

Enfin, notre échange a été l’occasion de revenir sur notre action pour aider l’Ukraine dans sa résistance face à l’invasion russe. Depuis le premier jour de cette guerre brutale, nos deux pays ont apporté un soutien indéfectible à l’Ukraine. Nous avons agi dans bon nombre de domaines : militaire, diplomatique, économique, humanitaire, judiciaire. Nous avons œuvré à une réaction européenne forte et commune. Nous sommes, Monsieur le chancelier, pleinement alignés, nous continuerons à le faire. Nous soutiendrons l’Ukraine jusqu’au bout de ce conflit, et nous disons aux Ukrainiens que nous sommes également à leurs côtés pour l’après. Je veux saluer l’initiative de l’Allemagne d’avoir organisé, avec la Commission européenne, une conférence sur la reconstruction de l’Ukraine le 25 octobre dernier, à Berlin. Notre pays est également pleinement engagé : le président de la République, Emmanuel MACRON coprésidera, avec le président ZELENSKY, une conférence sur la résilience de l’Ukraine, à Paris, le 13 décembre. Elle aura pour objectif de répondre aux besoins urgents de l’Ukraine face à l’hiver. Je veux dire aussi notre soutien aux choix clairs du Conseil européen de donner à l’Ukraine et à la Moldavie le statut de candidats à l’adhésion. Nous devons accompagner l’Ukraine sur son chemin vers l’adhésion, notamment pour qu’elle réponde aux exigences européennes.

Mais nous ne devons pas attendre d’avoir atteint cet horizon de l’élargissement pour renforcer dès maintenant la cohésion de l’ensemble de la famille européenne. C’est tout le sens de la Communauté politique européenne, la CPE, que le président Emmanuel MACRON a proposée et dont la première réunion, le 6 octobre, à Prague, a été un succès. Nous devons à présent travailler à la réussite de la prochaine réunion, prévue en Moldavie, au printemps 2023, et centrée sur le développement de coopérations concrètes.

Je vous remercie, Monsieur le chancelier, du soutien que vous avez apporté à ce projet fédérateur, à l’échelle du continent européen.

Voilà, Mesdames et Messieurs, en quelques mots, les sujets que nous avons évoqués avec le chancelier, aujourd’hui. Et pour conclure, je dirais que nous souhaitons plus que jamais faire du couple franco-allemand le moteur du consensus européen. Nous sommes déterminés à agir au service de nos concitoyens, déterminés à relever ensemble, avec nos partenaires européens, les défis devant nous et à faire émerger une Europe pleinement souveraine.

Je vous remercie.

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