L'explosion des
cours du gaz et de l'électricité à l'échelle européenne renforce aujourd'hui
les préoccupations de nos compatriotes et pèse sur notre économie. Très tôt,
nous avons pris des mesures fortes pour protéger les Français. Mais chacun le
sait, et il faut le dire de manière transparente, ces mesures ont un coût pour
nos finances publiques. Dans ce contexte, nous devons continuer à répondre aux
inquiétudes, tout en veillant à ne pas creuser davantage notre dette, et à
cibler au mieux nos dispositifs, comme le Président de la République l'avait
annoncé dès le 14 juillet. Mesdames et Messieurs, l'arrêt quasi total des
livraisons de gaz russe et les travaux de maintenance sur de nombreux réacteurs
nucléaires français provoquent une situation énergétique exceptionnelle. Le
premier défi de mon Gouvernement est de nous assurer qu'il y aura suffisamment
de gaz et d'électricité cet hiver pour les Français. Nous avons anticipé cette
situation. Nous avons accéléré le remplissage de nos stocks de gaz, qui est
aujourd'hui de 95 %. Nous avons augmenté les capacités d'importation de nos
terminaux méthaniers qui accueillent les navires de gaz naturel liquéfié en
provenance du monde entier et c’est aussi dans cet objectif que nous avons
présenté au parlement dès cet été, les dispositions pour accélérer la création
d'un nouveau terminal méthanier au Havre. Nous avons renforcé et diversifié nos
approvisionnements de gaz en provenance d'autres pays. Enfin, face à cette
situation exceptionnelle, nous accélérons les projets d'énergies renouvelables.
Ces décisions ont permis de limiter les risques et de se préparer pour les
prochains mois. Mais aujourd'hui, ce qui intéresse les Français, c'est le
résultat. Y aura-t-il assez de gaz et d'électricité cet hiver ? Il y a quelques
semaines, j'avais pris l'engagement de revenir devant les Français une fois les
prévisions des gestionnaires de réseau de transport de gaz et d'électricité
connues. Je souhaite expliquer de manière transparente les scénarios, les
risques et les solutions à notre disposition. Aujourd'hui, les prévisions des
gestionnaires de réseau ont été rendues publiques. Leur scénario se fonde sur
les hypothèses les plus probables, mais ils examinent également les cas de
figure les plus dégradés où toutes les difficultés se cumuleraient. À partir de
ces prévisions, nous pouvons tirer deux enseignements. Le premier, c'est que
dans les scénarios les plus probables, si chacun prend ses responsabilités et
fait preuve de la sobriété nécessaire, il n'y aura pas de coupures. Nous
n'aurions alors pas besoin d'activer le dispositif de rationnement pour les
entreprises, qui consomment beaucoup de gaz. Le second enseignement, c'est que
seule la sobriété et la solidarité européennes nous permettront d'éviter des
coupures et des rationnements dans les cas de figure les plus pessimistes,
comme un hiver particulièrement froid cumulé à des difficultés
d'approvisionnement. Ces scénarios nous incitent à poursuivre notre stratégie,
une sobriété choisie plutôt que des coupures subites, une solidarité européenne
pour mieux résister à l'hiver. Nous avons donc deux enjeux devant nous. Le
premier, c'est la réussite du plan de sobriété annoncé en juillet. Notre
objectif est de baisser de 10 % notre consommation d'énergie par rapport à
l'année dernière et d'éviter au maximum les pics de consommation. La sobriété,
ce n'est pas produire moins. Il s'agit de réduire un peu le chauffage et
d'éviter toutes les consommations inutiles. Ce sont donc des millions de
décisions individuelles chaque jour de chacun d'entre nous qui sont
indispensables pour que l'hiver prochain se passe bien. État, collectivités,
entreprises, particuliers, tout le monde a son rôle à jouer selon ses moyens et
ses capacités. Évidemment, ce ne sont pas les Français en situation de précarité
énergétique sur qui les efforts doivent peser. Nous travaillons sur ce plan de
sobriété depuis l’été et la ministre de la Transition énergétique y reviendra.
Le second enjeu pour affronter la crise énergétique cet hiver, c’est la
solidarité européenne. Nos économies sont dépendantes les unes des autres et
nous pouvons avoir besoin de nos voisins pour nous livrer de l’électricité.
Grâce à nos terminaux méthaniers, nous sommes devenus un point d’entrée de gaz
en Europe. Nous devons fournir une part de ce gaz à nos partenaires européens
qui, en retour, nous fourniront en électricité. Mesdames et Messieurs, l’autre
question qui nous préoccupe tous, c’est celle des prix du gaz et de
l’électricité. Notre objectif aujourd’hui, c’est de stopper l’explosion des
cours de l’énergie à l’échelle européenne et de les ramener à plus de
modération. Concernant le gaz, les marchés fixent actuellement pour 2023 un
prix 5 fois supérieur à celui de 2021. Ces prévisions et les prix actuels du
gaz en Europe sont bien supérieurs à ceux qui se pratiquent ailleurs dans le
monde. Cette situation est liée à la guerre en Ukraine et à la décision russe
de couper presque totalement les exportations de gaz vers l'Europe. Face à cela
et à la crainte des marchés d'une pénurie du gaz cet hiver en Europe, les prix
du gaz montent. Sur l'électricité, les prix anticipés par les marchés en 2023
sont 10 fois supérieurs à ceux de 2021. À l'heure actuelle, ces prix de marché
sont considérablement plus élevés que les coûts de production. C'est dû, comme
pour le gaz, à une crainte excessive de pénurie. Mais ce n'est pas tout. Du
fait de l'arrêt d'une partie de notre parc nucléaire, une part d'électricité
plus importante que d'habitude est produite à partir de centrales gaz en France
et en Europe. Son coût de production a fortement augmenté du fait de l'envol
des prix du gaz. Tout cela conduit à des prix déraisonnables et nous sommes
résolus à y remédier. Pour faire baisser les prix du gaz et de l'électricité,
nous allons agir au niveau européen et au niveau national. Nous devons d'abord
rassurer les marchés sur les risques de pénurie. Les prévisions des
gestionnaires de réseau montrent que les craintes sont excessives et que les
prix sont donc exagérément hauts. Ensuite, nous ne sommes pas dupes : certains
spéculent sur la crise et font artificiellement monter les prix. Ce n'est pas
acceptable. Nous agirons contre la spéculation sur les prix de l'énergie. Ce
matin encore, la Commission européenne a proposé que chaque pays puisse
récupérer les marges exceptionnelles que certains producteurs d'énergie ont
réalisées dans ce contexte spéculatif. C'est un mécanisme à l'œuvre en France
sur le nucléaire et le renouvelable et que nous avons renforcé cet été. Mais
nous ne laisserons pas de situation de rente s'installer. Par ailleurs, j’ai
échangé hier avec la présidente de la Commission européenne Ursula VON DER
LEYEN, nous partageons une grande communauté de vues. Nous sommes convenus de
revoir les règles de plafonnement des prix du marché de l'électricité. Les
travaux sur les nouvelles règles ont déjà bien avancé. Nous souhaitons
également travailler ensemble sur la mise en place, d'ici la fin de l'année,
d'un plafond de prix sur le marché européen du gaz. L'objectif est d'éviter que
le prix du gaz en Europe ne s'écarte de celui qui est pratiqué ailleurs dans le
monde. Enfin, la France défendra la nécessité de fixer un plafond du prix du
gaz utilisé par les centrales électriques. C'est un sujet difficile, il
nécessite encore du travail, mais nous pensons que c'est un chantier important.
Au-delà de cette refonte des règles de marché, notre priorité absolue pour
maîtriser les prix, c'est de réduire notre dépendance à l'électricité produite
à partir d'énergies fossiles, le gaz et le charbon. À court terme, nous sommes
vigilants à ce qu’EDF tienne son planning de redémarrage des réacteurs
nucléaires, ce qui aura un effet immédiat sur la baisse des prix de
l'électricité. Nous savons que les équipes d'EDF sont pleinement mobilisées
pour atteindre cet objectif et je veux dire aux agents de cette entreprise ma
confiance face à ce défi. Pour les années qui viennent, nous devons accélérer
la mise en service des énergies renouvelables. À cet effet, un projet de loi
sera présenté le 26 septembre en Conseil des ministres. À plus long terme, nous
produirons davantage d'électricité décarbonée grâce à la construction des
nouveaux réacteurs nucléaires annoncée par le Président de la République.
Compte tenu de ces perspectives de baisse des prix du gaz et de l'électricité,
j'adresse une recommandation aux entreprises et aux collectivités. Soyez
prudents quand vous engagez de nouveaux contrats d'achat d'énergie, surtout
s'ils portent sur plusieurs années. Les prix aujourd'hui sont anormalement
élevés. Et dans cette période difficile, nous attendons des fournisseurs qu'ils
accompagnent leurs clients en proposant les meilleures offres. La Commission de
régulation de l'énergie a ouvert une enquête et sanctionnera les pratiques
abusives. Dans ce contexte d'explosion du prix du gaz et de l'électricité, la
France est le pays qui a le mieux protégé les ménages en Europe. Nous avons agi
très tôt avec le bouclier tarifaire qui a bloqué les prix du gaz et compte tenu
l'augmentation des prix de l'électricité. La facture moyenne des ménages qui se
chauffent au gaz est restée stable en France depuis octobre dernier, alors
qu'elle a augmenté de moitié en Belgique et elle a été multipliée par 3 aux
Pays-Bas et en Allemagne. Pour l'électricité, nous avons limité la hausse des
prix : 4 % en France alors que la facture a été multipliée par deux ou 3 en
Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas. Aujourd’hui, sans action du
Gouvernement, les tarifs du gaz et de l’électricité pour les ménages seraient
multipliés par 2,2 au début de l’année prochaine. Pour éviter ces augmentations
qui ne seraient pas soutenables, nous allons prolonger en 2023 le mécanisme de
bouclier tarifaire pour tous les ménages, pour les copropriétés, les logements
sociaux, les petites entreprises et les plus petites communes. Nous allons ainsi
limiter les hausses de prix à 15 % pour le gaz en janvier 2023, et à 15 % pour
l'électricité en février. 15 % au lieu de 120 %, c'est l'engagement que nous
prenons. L'écart ne sera pas reporté sur les factures des consommateurs en 2024
ou plus tard, il sera pris en charge par l’État. Très concrètement, ces
augmentations vont conduire à une hausse moyenne des factures de l'ordre de 25
euros par mois pour les ménages qui se chauffent au gaz, au lieu d'environ 200
euros par mois sans bouclier tarifaire. Et à une augmentation moyenne de
l'ordre de 20 euros par mois pour les ménages qui se chauffent à l'électricité,
au lieu de 180 euros par mois sans bouclier tarifaire. Ces chiffres
d'augmentation massive des prix ne sont pas théoriques, c'est la réalité de ce
que vivent des dizaines de millions de ménages en Grande-Bretagne, en Italie ou
en Allemagne. Si je résume, le bouclier tarifaire, c'est une économie d'environ
160 euros par mois pour les Français qui se chauffent à l'électricité, et une
économie d'environ 175 euros par mois pour les Français qui se chauffent au
gaz. Nous sommes aussi conscients des difficultés des Français, souvent parmi
les plus précaires, qui ne se chauffent ni au gaz, ni à l'électricité, mais au
fioul ou au bois. Le Parlement a voté cet été une enveloppe de 230 millions
d'euros destinée à aider ceux qui remplissent en ce moment leur cuve. Mesdames
et Messieurs, nous le savons bien, cette augmentation de 15 % n'est pas anodine
pour de nombreux Français. Nous avons donc décidé un accompagnement spécifique
pour aider les plus modestes. Aussi, je vous annonce que des chèques énergie
exceptionnels seront versés d'ici la fin de l'année. Cette aide concernera les
12 millions de foyers les plus modestes, soit 4 foyers sur 10, et son montant sera
de 100 euros ou 200 euros selon le revenu. Par exemple, une mère seule avec
deux enfants qui gagne le Smic touchera un chèque énergie exceptionnel de 200
euros. Et un couple de travailleurs avec un revenu cumulé de 3 000 euros nets
par mois avec deux enfants, bénéficiera d'une aide de 100 euros. Nous sommes
déterminés, comme depuis le début des crises que nous connaissons, à agir, nous
adapter et protéger les Français et notre économie. Je vous remercie. Et je
vais donc donner la parole au ministre de l'Economie et des Finances qui va
revenir sur le financement de l'ensemble de ces mesures. Monsieur le Ministre.
Bruno LE MAIRE
Merci Madame la
Première ministre. D’abord un mot pour commencer pour rappeler, comme l’a fait
la Première ministre, que nous avons fait un choix stratégique avec le
Président de la République depuis octobre 2021 qui est de protéger nos
compatriotes contre l’augmentation du prix de l’électricité et du prix du gaz.
Nous avons donc mis en place un bouclier tarifaire, nous avons anticipé
l’augmentation des prix, nous avons anticipé davantage que nos partenaires
européens, la Première ministre l’a rappelé, et nous avons anticipé avec
efficacité. La preuve en est que nous avons le niveau d’inflation le plus
faible de tous les pays de la zone euro. Ce choix évidemment, il a un coût. La
prolongation du bouclier tarifaire que vient d'annoncer la Première ministre
coûtera 16 milliards d'euros en 2023. Pour être tout à fait précis, 11
milliards d'euros pour le gaz, 5 milliards d'euros pour l'électricité. Pour
être encore plus précis, ces 16 milliards d'euros, c'est le coût net. La
réalité du chiffre brut, c'est 45 milliards d'euros. Mais nous retranchons de
ces 45 milliards d'euros le mécanisme dont vient de parler Élisabeth BORNE,
puisque nous avons mis en place un mécanisme de marché qui existe en France,
que nous souhaitons voir étendu à tous les pays européens, qui oblige les
énergéticiens à reverser le montant de la rente qu'ils touchent au titre de la
flambée de ces prix de l'énergie. Ce mécanisme français, il est efficace et
nous permet de financer très largement ce bouclier tarifaire sur l'électricité
et sur le gaz. Et comme l'a indiqué le Président de la République à la suite de
son entretien avec le chancelier SCHOLZ, nous souhaitons qu'il soit étendu au
niveau européen et nous nous réjouissons des annonces qui ont été faites en ce
sens par la présidente de la Commission européenne, Ursula VON DER LEYEN. Le
chèque exceptionnel dont vient de parler la Première ministre coûtera, lui, 1,8
milliard d'euros. Il est déjà budgété en 2022 et il permettra de soutenir
largement les ménages les plus modestes, avec un ciblage précis correspondant à
ce qui a été indiqué par le Président de la République. Je rappelle de manière
plus générale que le soutien global que nous avons apporté à nos compatriotes,
aux entreprises pour faire face à cette flambée des coûts de l'énergie, gaz et
électricité, nous situe dans la moyenne des pays européens. La France va
dépenser en 2022 2,2 % de sa richesse nationale, son PIB, pour protéger nos
compatriotes et protéger nos entreprises. En Italie, c'est 2,3 % du PIB, au
Royaume-Uni, c'est 3,2 % en incluant les annonces qui viennent d'être faites
par la nouvelle Première ministre. En Allemagne, c'est 1,3 % pour le moment. Mais
vous savez qu'il y a des annonces supplémentaires qui ont été faites par le
chancelier SCHOLZ. Pour des coûts comparables, la France a donc des résultats
remarquables avec un niveau d'inflation de 5,3 à comparer avec la moyenne de la
zone euro, près de 4 points supérieurs, 9,1 % de niveau d’inflation moyen dans
la zone euro. Nous voulons également, la Première ministre l’a souligné, cela
me paraît totalement essentiel, protéger nos entreprises ; c’est-à-dire
protéger notre capacité de production. Nous ne voulons pas avoir des PME, des
très grandes entreprises qui ferment les portes ou qui ralentissent brutalement
leurs productions parce que leur facture d’énergie serait trop coûteuse. Et
nous avons là 3 cas de figures auxquels nous voulons apporter des réponses bien
précises. Vous avez d’abord 1,5 millions d’entreprises qui sont des PME, qui
ont un chiffre d'affaires inférieur à 2 millions d'euros, qui ont moins de 10
salariés, ces entreprises ont accès aux tarifs réglementés de l'électricité,
avec le bouclier tarifaire à 4 %, elles continueront à bénéficier de cet accès
aux tarifs réglementés. Je le redis, cela concerne 1,5 million d'entreprises.
Vous avez ensuite des PME plus importantes qui ont accès à l'aide à 2 millions
d'euros sur la base de critères dont j'ai déjà dit qu'ils étaient beaucoup trop
complexes. Nous mettrons en place les nouveaux critères à compter du 1er
octobre. Toute PME dont le chiffre d'affaires comprend au moins 3 % au titre de
ses factures énergétiques aura accès à cette aide jusqu'à 2 millions d'euros
dès lors que ses bénéfices ont baissé sur la durée d'un mois. Et je dis à
toutes les PME qui auraient perdu de l'argent au cours du mois de juillet, du
mois d'août, au cours des mois passés qu'elles peuvent refaire la demande auprès
du Guichet de la direction générale des finances publiques pour avoir accès à
ce soutien de manière simplifiée à compter du 1er octobre. Enfin, il y a les
énergo-intensives, c'est-à-dire les entreprises qui dépensent encore beaucoup
plus en factures d'énergie que les 3 % du chiffre d'affaires et qui peuvent
avoir accès à une aide jusqu'à 50 millions d'euros. C'est des entreprises comme
Aluminium Dunkerque, Arc, à Duralex ; ce sont les imprimeurs, c'est le secteur
de la chimie, c'est le secteur de l'acier. Il faut revoir de fond en comble le
dispositif européen qui est trop complexe. Et là, ce ne sont pas des petits
ajustements qu'il faut faire, il faut véritablement revoir de fond en comble un
dispositif dont nous avions dit dès l'origine qu'il était trop complexe et qui
aujourd'hui ne fonctionne pas. Nous sommes en discussion avec la Commission
européenne. Nous souhaitons que ces discussions aboutissent avant la fin de
l'année 2022, parce qu'il y a urgence pour ces entreprises qui consomment
beaucoup d'énergie. Je rappelle également qu'il faut agir dans la durée. Ce qui
veut dire que tant que les prix de l'énergie resteront élevés, le guichet pour
les entreprises restera ouvert, y compris au-delà du 31 décembre 2022. En
conclusion, je voudrais, à la suite de la Première Ministre, indiquer à quel
point il est essentiel de maintenir ce soutien pour éviter d'ajouter une crise
économique à une crise énergétique. Nous avons de bons résultats sur la
croissance en 2022, 2,7 % envisagés. Nous avons une croissance positive
envisagée pour 2023 avec 1 %. Il est essentiel de protéger non seulement pour
nos compatriotes mais aussi pour la croissance de nos entreprises, la
prospérité et la création d’emplois.
Élisabeth BORNE
Merci Monsieur le
ministre. Je vais passer la parole à Madame la ministre de la Transition
énergétique pour faire le point sur notre plan de sobriété.
Agnès PANNIER-RUNACHER
Madame la Première
ministre, Monsieur le ministre, mesdames et messieurs. Vous le savez, dès le 23
juin, avec la Première Ministre, nous avons annoncé le lancement d'un plan de
sobriété énergétique qui vise à réduire de 10% notre consommation d'énergie.
Avec deux objectifs clairs. C'est d'abord un levier nécessaire pour tenir notre
trajectoire de réduction de gaz à effet de serre. Comme vous le savez, nous
devons réduire notre consommation énergétique de 40 % à usage égal pour
atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Ces 10 % de réduction de notre
consommation d'énergie contribuent, constituent la première marche de cet
effort de maîtrise de notre consommation d'énergie. Ensuite, comme l'a dit la
Première ministre, c'est un levier majeur pour assurer le passage de l'hiver
dans le contexte de la guerre en Ukraine. Fin juin, j'ai donc lancé 9 groupes
de travail avec mes collègues du Gouvernement sur l’État, les collectivités
locales, les entreprises, le logement, le tertiaire, le sport, le numérique. Je
ne vais pas tous les citer. La logique de ces groupes de travail est qu'avant
de demander aux Français de faire des efforts individuels, nous mobilisons les
grands acteurs. Ceux qui ont des ressources pour agir. Ceux qui gèrent des
millions de mètres carrés et organisent les déplacements de millions de
collaborateurs chaque jour. Le premier de ces acteurs, c'est l’État. Dans le
cadre de ce plan de mobilisation collective, l’État fera sa part. Il fera sa
part car comment demander des efforts à nos concitoyens si nous ne sommes pas
nous-mêmes exemplaires ? Chaque ministère a travaillé sur sa feuille de route
de sobriété énergétique sous l'égide du ministère de la Transformation de la
Fonction publique et avec l'appui du Commissariat général au développement
durable en concertant les organisations syndicales. Toutes les administrations,
tous les bâtiments publics devront être au rendez-vous. Qu'il s'agisse du
respect des textes en matière de chauffage ou d'éclairage, ou de bon sens dans
l'utilisation du numérique, de l'eau chaude sanitaire ou des moyens de
transport, nous prendrons les mesures qui s'imposent. Pour les autres acteurs,
entreprises de tous secteurs et collectivités, les maîtres mots sont :
concertation, partage de bonnes pratiques et responsabilité. Concertation
d'abord, car la méthode que nous avons, c'est la méthode que nous avons suivie
pour ces groupes de travail. Nous avons mobilisé plus de 300 acteurs : les
fédérations professionnelles de chaque secteur, les organisations syndicales,
patronales, les grandes entreprises, les associations environnementales, les
énergéticiens, les experts de notre ministère. Notre objectif était que les
problématiques, les diagnostics et les recommandations puissent être le plus
largement partagées pour que chacun puisse gagner du temps. Ils ont travaillé
ensemble depuis plusieurs mois et y ont fait des propositions de grande
qualité. Bonnes pratiques ensuite, car c'est l'esprit du plan de sobriété que
nous adresserons à l'ensemble de ces acteurs. Je vous le dis, si certains
l'attendaient, il ne s'agit pas d'imposer un nouveau protocole avec des mesures
coercitives. Ce plan, c'est chaque acteur qui le définit en fonction de son
entreprise. Ce n’est pas l’État qui impose telle ou telle mesure. Dans chaque
entreprise, chaque situation de travail est différente et je veux être très
claire : le plan sobriété, ce n'est
pas la réduction de la production. Nous ne demanderons pas aux industriels de
faire des économies en arrêtant des fours ou des chaînes de production. En
revanche, les entreprises peuvent mieux maîtriser leur chauffage, leur
éclairage, baisser la température quand les bâtiments sont inoccupés, réduire
les consommations des serveurs numériques parmi plusieurs possibilités et
mesures qui sont envisagées. Responsabilité enfin car ce plan doit nous éviter
de prendre des mesures plus contraignantes, comme a eu l'occasion de le
rappeler la Première ministre, la responsabilité collective de ces acteurs est
cruciale. En faisant le choix de la sobriété choisie, nous pouvons éviter des
mesures plus contraignantes. Début octobre, nous ferons le point avec
l'ensemble des groupes de travail. Ce sera l'occasion pour eux de présenter
leur engagement en matière de sobriété avec les participants des groupes de
travail, les chefs d'entreprise, leurs équipes, les représentants des salariés,
nous présenterons les bonnes pratiques et les dispositifs d'accompagnement que
l'État a mis en place en appui de celles ci en matière de sobriété. Ces bonnes
pratiques, ce sont à la fois celles qui s'appliquent à tous les secteurs,
public compris comme la gestion technique des bâtiments ou les températures de
consigne de chauffage que vous connaissez maintenant par cœur. Mais ce sont
aussi des mesures spécifiques à chaque secteur. Chacun a ses propres
problématiques qui appellent les mesures adaptées et je veux remercier tous les
acteurs qui se sont mobilisés, qui finalisent et partagent en ce moment leur
plan sobriété. Début octobre, nous aurons donc le détail du plan pour un état
véritablement exemplaire, avec des mesures concrètes et des engagements précis.
Le fruit du dialogue social dans le secteur privé avec les organisations
syndicales et patronales qui travaillent à l'élaboration d'engagements clés sur
la sobriété que les entreprises signeront, les mesures prises par des
collectivités locales, petites communes comme grandes régions, qui s'engagent
également pour cette réduction de 10 % de leur consommation, les mesures sur
lesquelles les acteurs du sport, du logement, du commerce, pour ne citer que
ces secteurs, s'engageront. Cet événement sera aussi l'occasion de rappeler les
outils Ecowatt de RTE et Eco Gaz, de GRT Gaz et d'inciter les entreprises comme
le grand public à utiliser ces outils. Ces outils, c'est en quelque sorte un
Bison Futé du système électrique et gazier à l'aide d'un signal simple : vert,
orange, rouge. Ces outils permettront de signaler les périodes les plus
tendues. Mais le plan ne s'arrêtera pas là et il va de soi que la mobilisation
collective en faveur de la sobriété nous concerne tous en tant que citoyen.
Alors, je répèterais là encore, les mots de la Première ministre : « nous ne
demanderons jamais d'efforts aux Français en situation de précarité énergétique
et de sobriété contrainte ». Nous devons au contraire les accompagner pour les
sortir de cette situation, mais nous appellerons à la mobilisation de tous ceux
qui le peuvent. Nous lancerons une campagne de communication grand-public le 10
octobre avec un slogan très clair : « chaque geste compte ». Cette campagne
permettra de faire connaître aux Français les gestes les plus efficaces pour
réduire leur consommation, car oui, chaque geste compte. Mettre un thermostat
par exemple, peut permettre à un ménage de réduire de 10 % sa consommation
d’énergie. C’est ce qui nous remonte du terrain et nous travaillons avec les
grandes enseignes de bricolage pour qu’elles puissent aider les Français à
s’équiper. Cette campagne de communication ne sera pas la seule car j’ai
demandé au fournisseur d’énergie de s’inscrire dans cette démarche, de sobriété
dans leur propre communication. Je leur ai également demandé de communiquer à
tout leur client des informations sur l’impact du bouclier énergétique depuis
sa mise en place sur les outils qu'ils
peuvent mettre à la disposition de ses clients, ménages ou PME, pour suivre le
plus simplement possible leur consommation d'énergie en temps réel et sur les
nouveaux tarifs qui peuvent permettre à chacun de valoriser ses efforts de
sobriété. Enfin, je poursuivrai mes efforts au niveau européen pour proposer
toute mesure de nature à limiter les prix du gaz et de l'électricité et
renforcer concrètement la solidarité européenne en matière énergétique. Ce sera
notamment l'objet du Conseil des ministres européens du 30 septembre prochain
qui prendra position sur les propositions de la Commission européenne. Les
prochaines étapes de notre calendrier sont les suivantes : 22 septembre,
lancement du dispositif Ecowatt, 30 septembre, conseil des ministres européens
de l'énergie, fin septembre, publication des textes réglementaires débloquant
la réalisation de projets d'énergie renouvelable dans les mois qui viennent,
donc là, on est sur le court terme, début octobre, présentation du plan
sobriété de l'État et des plans de sobriété des entreprises, 10 octobre,
lancement de la campagne : « Chaque geste compte ». Vous l'aurez compris, nous
soutenons la mobilisation générale. Une mobilisation nécessaire pour cet hiver,
mais également nécessaire pour à plus long terme, réussir la transition
écologique et énergétique.
Élisabeth BORNE
Merci Madame la
ministre. On va maintenant prendre des questions par groupe de 3. Oui.
Sehla BOUGRIOU
Bonjour Madame la
Première ministre. Sehla BOUGRIOU pour TF1 LCI. J'ai deux questions. D'abord,
quelles modalités prévues pour le bouclier fiscal concernant les collectivités
locales ? Et puis, par ailleurs, pourquoi faire une différence entre le gaz et
l'électricité ? Pourquoi ne pas tout augmenter en même temps concernant les
prix de ces deux énergies ? Merci.
Guillaume DARET
Bonjour ! Guillaume
DARET, France Télévisions. Une partie des Français qui se chauffent au fioul ou
au bois estiment pour certains être un peu les oubliés de la situation
actuelle. Et des associations comme Familles rurales, qui demandent la mise en
place d'un bouclier tarifaire sur le fioul et sur le chauffage au bois.
Qu'est-ce que vous leur répondez ? Merci.
Élisabeth BORNE
Bien.
Renaud HONORÉ
Bonjour ! Renaud
HONORÉ du journal Les Echos. J'aurais des questions à poser sur le financement
de ce plan. L'année dernière, une partie du bouclier tarifaire a été prise en
charge de moitié par l'Etat pour une baisse des taxes et la moitié par EDF.
Est-ce que vous auriez envisagé de mettre à nouveau à contribution EDF pour
financer ces mesures ? Par ailleurs, vous avez parlé de l'importante rente des
producteurs d’énergies renouvelables, est-ce que vous pouvez préciser le
montant que vous espérez tirer de cette rente ? Et dernière chose, on parle
uniquement des là des prix de l’énergie mais cette inflation aussi, a des
effets de second tour sur l’alimentation notamment. Maintenant que le chèque
alimentaire paraît enterré, est-ce que vous envisagez une autre aide pour les
ménages modestes pour les aider face à l’inflation qui devrait être plus
importante que prévue l’année prochaine ?
Élisabeth BORNE
Alors je vais
répondre et puis les ministres pourront sans doute préciser. Tout d’abord sur
le fioul et le bois, je n’ai pas dû être claire mais nous avons en effet un
dispositif pour les ménages qui se chauffent au fioul et au bois. C’est une
disposition qui a été votée dans les textes au mois de juillet, début août, et
donc ce dispositif va se mettre en place. Je parle sous le contrôle des
ministres, je pense que c’est au mois de novembre en fait que les aides
pourront être versées. C’était d’abord sur le fioul et évidemment il faut aussi
accompagner les ménages qui se chauffent au bois. Ça ne peut pas être les mêmes
dispositifs puisqu'il n’y a pas des tarifs réglementés du fioul et du bois,
mais en tout cas l’idée est bien la même, d’accompagner les ménages notamment
les ménages modestes qui sont confrontés à la hausse du prix du fioul. Sur les
aides aux collectivités, d'abord je pense que le ministre de l'Economie l'a
bien redit, on a des petites communes qui bénéficient des tarifs réglementés.
Et donc quand on évoque les boucliers qu'on met en place, ils s'appliquent à
toutes les petites communes. Les communes, là aussi sous le contrôle des
ministres, qui ont moins de 10 agents et qui ont moins de 2 millions d'euros de
budget, c'est-à-dire à peu près les deux-tiers des communes bénéficient de ces
boucliers tarifaires. Et par ailleurs, nous avons voté là aussi cet été des
dispositions, enfin 500 millions d'euros de mesures pour accompagner les
collectivités les plus fragiles qui pourraient être mises en difficulté par la
hausse des prix de l'énergie ou par d'autres difficultés. Donc en tout cas, il
y a 500 millions d'euros qui ont été votés cet été. Il y a aujourd'hui des
discussions pour l'année 2023 et on devra regarder comment on peut aussi
accompagner dans les mois qui viennent ces collectivités. Peut-être sur les
autres facteurs de hausse des prix, je rappelle que demain sera versée l'aide
exceptionnelle de 100 € pour un ménage et 50 € supplémentaires par enfant. Donc
c'est effectivement la réponse qui est apportée, notamment sur la hausse des
prix alimentaires. Et puis vous aurez compris aussi que, de façon générale, je
pense que le ministre de l’Économie l'a bien dit, notre première action, c'est
d'éviter la poursuite de l'inflation, c’est d'éviter l'explosion des prix de
l'énergie, et donc c'est aussi l'action que nous menons. Je vais peut-être laisser
la ministre de l'Énergie répondre sur le mécanisme qui permet de récupérer les
rentes sur les énergies renouvelables et sur l’ARENH.
Agnès PANNIER-RUNACHER
Oui, et préciser
que le chèque énergie, il couvre bien le fioul et les pellets, c'est-à-dire ce
n'est pas un mécanisme qui serait limité à un certain type d'énergie. Et comme
on augmente le chèque énergie, ça permet aussi de financer le fioul et les
pellets ou le bois suivant les modes de chauffage. S’agissant des mécanismes
aujourd’hui qui s’appliquent aujourd’hui, vous savez que les porteurs de projet
ou les opérateurs d’énergie renouvelable ont contractualisé sur un prix avec
l'Etat. Et aujourd'hui, ils reversent la différence de ce prix de production de
l'électricité et du prix de marché pour qu'ils abondent ainsi le budget de
l'Etat et nous avons procédé au déplafonnement, parce qu’il y avait un
plafonnement limite qui était appliqué, nous avons procédé au déplafonnement de
ce mécanisme, ce qui lui permet d'avoir toute sa portée pratique sur les
énergies renouvelables. Le mécanisme ARENH est un mécanisme qui a permis de
protéger, je le rappelle, 150 entreprises hyper électro-intensifs et
électro-intensives qui représentent grosso-modo 45 000 emplois plus les
collectivités locales, plus les entreprises PME et ce mécanisme permet de
mettre sur le marché un bloc de 120 térawattheures. Vous avez 100
térawattheures qui sont habituellement mis sur le marché. On a rajouté 20
térawattheures complémentaires à un prix très compétitif, de l'ordre de 40 euros
sur le premier bloc, 49 euros sur le deuxième bloc. Ce qui permet à l'ensemble
des acteurs économiques aujourd'hui de se couvrir sur 40 % de leur facture à un
prix qui est évidemment largement inférieur à celui du marché. C'est ce qui
explique qu'en 2022, une collectivité locale fait face pour celles qui ne sont
pas les plus petites et qui ont le tarif régulé, à une augmentation de 20 % de
leurs factures d'électricité. Là, elles auraient eu à faire face à une
augmentation de 40 %. Et vous avez le même phénomène des augmentations qui
auraient pu doubler pour des électro-intensifs et qui sont un peu plus
réduites. Et donc, ce mécanisme, il a vocation à se poursuivre dans des
paramètres qui sont encore à définir. Monsieur le Ministre ?
Bruno LE MAIRE
Juste sur la
question que posait Renaud HONORÉ sur les chiffrages pas tout à fait précis de
la prolongation de ce que disait la Première ministre. Donc, vous avez 34
milliards d'euros de coût brut. Sur le bouclier électricité, 11 milliards
d'euros de coût brut pour le bouclier gaz. S'agissant du gaz, on compense aux
fournisseurs ces 11 milliards bruts ou 15 milliards net. Il n'y a pas de
recettes nouvelles. En revanche, sur l’électricité, nous avons 28 milliards
d'euros qui nous reviennent par, soit la compensation des énergéticiens. C'est
le mécanisme de marché dont a parlé le Premier ministre, que nous souhaitons
voir étendu au niveau européen pour 19 milliards d'euros et 9 milliards d'euros
qui ne sont pas compensés aux énergéticiens. Cela fait 28 milliards d'euros.
Vous rajoutez également 1 milliard d'euros dont a parlé la Première ministre,
qui vient des recettes venues de la Compagnie Nationale du Rhône, puisque nous
voulons étendre l'ensemble de ce dispositif non seulement au renouvelable
solaire, non seulement à l'éolien, mais également aux dispositifs
hydroélectriques. Donc vous arrivez bien au total en net à 5 milliards d'euros
pour l'électricité, 11 milliards d'euros pour le gaz, 16 milliards d'euros en
coût net. Ce qui prouve l'efficacité du dispositif de redistribution de ce
mécanisme de marché qui évite que les électriciens profitent d’une rente.
Élisabeth BORNE
Je crois que c’est
vite assez technique tous ces sujets, mais je pense qu’aujourd’hui tout le
monde trouve que les propositions de la Commission européenne sont de bon sens.
Quand les prix de marché sont très au-dessus des prix de production, on
comprend bien qu’il est souhaitable que les différents États puissent récupérer
les marges qui sont dégagées, notamment pour accompagner les consommateurs qui
sont pénalisés par des prix hauts. Et c'est exactement les mécanismes qui
existent sur les énergies renouvelables en France, donc on se réjouit que la
Commission propose de généraliser ce type de mécanisme en Europe. Alors,
d'autres questions.
Claire AICARDI
Claire AICARDI,
EUROP’ENERGIE. J'ai trois questions, essentiellement à Monsieur LE MAIRE. La
première sur le dispositif des aides directes. Vous indiquez que le guichet
restera ouvert au-delà du 31 décembre 2022. C'est vrai pour le premier palier
de 2 millions et celui de 50 millions ou seulement sur le deuxième ?
Deuxièmement, vous disiez que le dispositif serait en place au 1ᵉʳ octobre, ça
veut dire que les versements commenceront le 1ᵉʳ octobre ? Et enfin, vous
indiquez que les petites entreprises continueront à bénéficier de TRV, mais la
loi prévoit la fin du TRV de gaz naturel en juin 2023. Donc comment est-ce que
ça s'articule ? Merci beaucoup.
Élisabeth BORNE
Oui.
Bruno LE MAIRE
Pardon.
Élisabeth BORNE
Peut-être, on
continue à prendre d’autres questions.
Journaliste
(inaudible) Ma
question porte sur le bouclier tarifaire en France, et s’il est compatible avec
les actions qui sont en train d'être mises en place au niveau européen.
Avez-vous validé cette mesure et ses modalités avec la Commission et sont-ils
d'accord ?
Élisabeth BORNE
OK.
Paul LARROUTUROU
Bonjour madame la
Première ministre. Paul LARROUTUROU, LCI. Double question. La première, donc je
découvre qu’à la moitié du 10 octobre, il y aura une campagne de publicité du
Gouvernement Chaque geste compte. Est-ce que vous avez vu une initiative de la
mairie de Paris qui appelle à éteindre de nombreux bâtiments municipaux,
l'hôtel de ville, etc, il vous incite, vous, Gouvernement, à éteindre également
les nombreux bâtiments que vous pourriez éteindre. Est-ce qu'il faut éteindre
un peu plus tôt la Ville Lumière ? Première question. Seconde question, il y a
une pétition qui est en ligne depuis hier, signée par notamment des
représentants de gauche, des élus de gauche, ce qui s'appelle Monsieur le
président, éteignez tous les écrans, qui va plus loin que le décret que vous
avez pris pour éteindre des écrans de 1h à 6h du matin qui serait de couper
tous les écrans publicitaires. Qu'est-ce que vous en pensez ? Merci beaucoup.
Élisabeth BORNE
OK. Monsieur le
ministre.
Bruno LE MAIRE
Oui, très
rapidement, sur les deux questions je laisserai Agnès répondre sur les TRV. Les
deux guichets, aussi bien le guichet à 2 millions que celui à 50, il y en a un
autre intermédiaire à 25 millions d'euros au passage seront ouverts au-delà du
31 décembre, on va pas couper l'accès au soutien financier pour les entreprises
au moment où les prix sont les plus élevés. S'agissant du guichet pour les
entreprises, les PME, à 2 millions d'euros, il est déjà ouvert. Simplement, les
nouveaux critères s'appliqueront à partir du 1ᵉʳ octobre. Et là, je constate
que vous n'avez que quelques centaines d'entreprises qui ont fait la demande.
C'est bien la preuve que le dispositif est trop compliqué. Il est trop
compliqué, on le simplifie. Au 1ᵉʳ octobre, les nouveaux critères
s'appliqueront pour qu'il y ait le plus grand nombre possible de PME qui
bénéficient de ce soutien.
Agnès PANNIER-RUNACHER
Sur le TRV gaz,
vous avez raison de mentionner que ce système est effectivement, atteint sa fin
admis mi-année 2023. Mais en fait, il est parfaitement possible de mettre en
place un bouclier énergétique sans avoir une référence de tarif régulé. Et
c’est ce que nous ferons. Donc c’est une technicalité, mais ce n’est pas un
empêchement. Peut-être juste sur la question de l’éclairage. Je rappelle, et
RTE l’a très bien rappelé ce matin, notre enjeu de tension en matière
d’électricité se joue entre 8h et 13h et il se joue entre 18h et 20h. Et donc,
les mesures qui tendent à éteindre la lumière la nuit sont plus des mesures qui
vont réduire notre empreinte carbone et réduire la facture d’électricité des
acteurs qui opèrent cet éclairage, mais ne vont pas soulager les tensions sur
l’électricité. En revanche, on sait que c’est une mesure d’ordre symbolique par
rapport au tension ou un impact psychologique qui est important. Il ne faut pas
minorer. C'est pour ça qu'un certain nombre de collectivités locales,
effectivement travaillent, envisagent aussi, regardent ce qui est le plus
probant. Mais effectivement, il ne faut pas confondre les enjeux. S'agissant
des écrans publicitaires, on a le même sujet, on les éteint de 1h à 6h du
matin. Là, c'est dans une optique de décarbonation. Et j'ai la possibilité, en
tant que ministre de l'Énergie dans les moments de tension électrique, de
commander l'extinction de tous les écrans publicitaires. C'est un article de la
loi de mesures d'urgence du pouvoir d'achat, donc le fameux signal Ecowatt
rouge. Et là, effectivement, s’il y a tension sur le système électrique, alors
nous pouvons demander l'extinction de ces écrans. Et d'ailleurs la RATP, un
certain nombre d'acteurs s'y préparent, avec un petit bémol que j'exprime
d'emblée, c'est que certains écrans s'éteignent avec une action manuelle et que
donc tout ne sera pas forcément opérant au moment où ça se passe. Mais je
rappelle que ce n'est pas nécessairement l'endroit où là aussi on a le plus de
mégawatts à aller chercher. C'est une question qui se pose plutôt dans une
optique de travailler sur de la sobriété à long terme et de la décarbonation de
notre pays.
Élisabeth BORNE
Voilà. Et donc je
vous confirme qu'on travaille la main dans la main avec la Commission et qu'on
s'assure que les propositions et les mesures qui ont été annoncées sont bien
sûr conformes aux règles européennes. Et puis par ailleurs, nous travaillons
aussi avec les autres Etats membres et la Commission européenne pour avoir des
nouvelles mesures, celles que j'ai mentionné que la ministre a également
mentionnées. Mais je pense qu'il y a une très bonne dynamique et peut-être un
certain nombre de principes qui étaient considérés comme intangibles, qui sont
en train d'évoluer et on s'en réjouit. Est-ce qu’il y a d'autres questions ?
Journaliste
Sur l’éclairage
(inaudible).
Élisabeth BORNE
Sur l'éclairage des
bâtiments, je pense que la ministre a répondu. On a à la fois des choses
symboliques et des choses qui répondent à la crise qu'on est en train de
traverser. Donc, c'est clair que le ministre de la Transition énergétique a dit
à quel moment il est particulièrement important de baisser les consommations.
Ensuite, je pense que chacun peut aussi réfléchir au bilan des actions qui sont
menées. Si on coupe de l'éclairage au cœur de la nuit, à des moments où on n'a
pas de pics de consommation et qu'en même temps, on est en train d'impacter,
par exemple, l'attractivité touristique d'une ville, c’est quelque chose qui
mérite d’être regardé, parce que je faisais ce matin en Conseil des ministres,
le bilan de la saison touristique, je peux vous assurer que c’est des recettes
pour notre pays, des emplois. Donc c’est un débat qui mérite d’être mené. Mais
chaque collectivité peut prendre les décisions qu’elle souhaite.
Jacques SERAIS
Bonjour Madame la
Première ministre, Monsieur le ministre. Jacques SERAIS, Europe 1. Alors que
vous demandez aux Français de diminuer leur consommation d’électricité, l’Etat
continue de pousser, de subventionner l’achat de véhicule électrique ; n’y
a-t-il pas là une contradiction ? Comment un ménage français qui vient de se
séparer de sa voiture thermique pour acheter avec l'aide de l'Etat une voiture
électrique peut-il participer à l'effort de sobriété ? Au vu de la situation
énergétique de la France, est-il préférable de rouler au sans plomb ou à
l'électricité ?
Élisabeth BORNE
Merci. D’autres
questions.
Journaliste
Anne SAURAT-DUBOIS,
BFMTV. Première question, il y a aujourd'hui en France à peu près 5 millions de
foyers qui vivent dans des passoires thermiques. Est-ce que vous avez prévu un
plan d'urgence parce que c'est une énergie gaspillée et perdue ? Deuxième
question, à un moment, a été évoquée la possibilité du télétravail dans
certaines grandes tours où il y a beaucoup de bureaux pour essayer notamment de
faire baisser les consommations de chauffage. Si, par exemple, l'hiver devait
être rude, est-ce que c'est une possibilité qui est toujours sur la table, une
incitation donc au télétravail dans certains grands lieux de bureau ? Je vous
remercie Madame la ministre.
Journaliste
Bonjour (inaudible)
de l’AFP. Bonjour Madame la Première ministre, Monsieur le ministre, je voulais
vous demander est-ce que vous allez pouvoir tenir votre trajectoire d'un
déficit à 3 % du PIB avec ces nouvelles dépenses et ces nouvelles mesures de
protection ?
Animateur
Allez, Monsieur le
ministre, sur la trajectoire.
Bruno LE MAIRE
La réponse est oui.
Donc ma réponse va être très courte. Nous en avons longuement discuté avec la
Première ministre et avec le président de la République. Nous avons fait un
choix ferme et responsable pour 2033, tenir les 5 % de déficit qui nous a amené
à prendre un certain nombre de décisions sur notamment les baisses d'impôts que
nous ferons en deux fois ou sur les réductions de dépenses. Mais il est très
important de tenir les 5 % en 2023 pour tenir l'engagement du président de la
République de revenir sous les 3 % de déficit public en 2027. Et cet engagement
sera tenu.
Élisabeth BORNE
Voilà, et je pense
que chacun a en tête la remontée des taux qui rend plus que jamais nécessaire
le respect des objectifs qui ont été fixés. Madame la Ministre.
Agnès PANNIER-RUNACHER
Alors sur la
voiture électrique, je crois qu'il n'y a pas d'ambiguïté non plus. Notre
objectif, c'est de décarboner notre économie. Et le principal secteur
aujourd'hui qui émet des gaz à effet de serre, c'est celui des transports. Et
je veux rappeler ici qu'en règle générale, on utilise plutôt sa voiture sur les
périodes de pointe, c'est-à-dire on ne les charges pas sur les périodes de
pointe, c'est le moment où on ne pèse pas sur le réseau et qu'on charge plutôt
sur les périodes qui sont en dehors des pointes. Donc il n'y a pas
d'incohérence, bien au contraire, puisque certains développeurs de batteries à
recharge rapide les couplent même avec des stockages et travaillent sur des
logiques d'effacement et de renvois de l'électricité stockée vers les réseaux
en tant que de besoin. Donc ça peut devenir, alors pas aujourd'hui, parce que
encore aujourd'hui, le poids des voitures électriques dans l'ensemble des
immatriculations est relativement modeste, même s'il est en progression, mais
demain, un élément de résilience de notre système énergétique. Sur la question
des ménages qui vivent dans les passoires thermiques, vous savez que c’est une
priorité du Gouvernement que nous avons en précédent quinquennat à mobiliser
énormément de financement, notamment dans le cadre du plan de relance, qu’un
certain nombre de dispositifs ont été pris pour soutenir les rénovations qui
sont les plus difficiles à mener, c'est-à-dire celles qui se font en
copropriété et celles qui sont ce qu'on appelle les rénovations globales. On ne
va pas seulement faire un ou deux gestes, mais l'ensemble des gestes qui permet
de gagner significativement, de réduire de la facture énergétique et de réduire
les émissions de CO2. Nous allons continuer. La Première ministre est assez
interrogative sur la performance de notre dispositif, souhaite qu'il soit
amélioré, souhaite que vraiment, on arrive à des logiques de performance par
rapport aux milliards d'euros qui sont aujourd'hui investis, ce qui suppose
plus d'accompagnement. On a aujourd'hui 500 points conseils avec 1 800
personnes pour accompagner les ménages dans leur rénovation thermique. Voilà,
c'est tout un système, ça prend du temps et nous sommes clairement dans une
logique d'être beaucoup plus efficace et de ne pas réduire les efforts que nous
faisons en la matière. S'agissant du télétravail, là encore, vous l'avez
compris, le plan sobriété, c'est une démarche qui se fait entreprise par
entreprise, secteur par secteur. Il n'y a pas de vérité unique. Si l'on veut
avoir un effet sur la consommation d'énergie d'un ensemble de bureaux, il faut
anticiper la fermeture d'un bâtiment, plus de 3 jours, enfin 3 jours
consécutifs de manière minimale et avec une baisse de température de chauffage,
sinon la remise en température, pardon d'être un peu technique, mais la remise
en température sur une seule journée fait que vous consommez plus que ce que
vous avez économisé. Donc là aussi, ça dépend des situations. Ça peut être une
voie choisie par certaines entreprises parce qu'effectivement, leurs salariés
sont plutôt en habitat collectif, du coup, ne mobilisent pas d'énergie
supplémentaire pour chauffer. Il y aura peut-être un peu plus d'électricité et
ça marche si c'est un jour qui est collé au week-end ou si c'est un jour qui
est collé à des vacances. Une fermeture des bâtiments, ça n'a pas forcément
beaucoup de sens dans un site qui a une bonne isolation thermique et dont les
salariés, eux, sont dans des maisons individuelles qui ne sont pas forcément
très bien isolées. Donc là encore, il faut être très au cas par cas et en
regardant la réalité des chiffres de consommation énergétique.
Élisabeth BORNE
C'est juste
rebondir sur les passoires thermiques. C'est évidemment un enjeu important de
permettre à ces ménages de sortir de la précarité. Et je pense que ce n'est pas
une question de financement. Les financements, ils existent. On sait qu'on a du
mal à accompagner et à fournir le bon accompagnement pour aider les personnes
concernées à monter leur dossier, pour arriver à enclencher les travaux. C'est
vraiment un sujet sur lequel on doit travailler la main dans la main avec les
collectivités pour avoir non seulement des dispositifs, mais aussi que ces
dispositifs soient opérationnels et qui nous permettent vraiment de venir au
bout de ces passoires thermiques. Au demeurant, je rappelle qu'on a aussi voté
l'interdiction de location d'ici 2028. Et donc, c'est d'autant plus important
d'arriver à rénover ces logements. Est-ce qu'il y a d'autres questions monsieur
?
Julien CHAVANNE
Bonjour, Julien
CHAVANNE, RFI. Question très concrète qui concerne le chèque énergie. Le
calendrier, à partir de quel moment sera-t-il distribué et puis surtout à qui,
qui sont les 12 millions de Français qui vont en bénéficier, à partir de quels
revenus ? Autre question sur le chèque alimentaire, je crois que la question a
été posée un peu plus tôt. Ce n’est pas très clair. Est-ce qu’il est abandonné
? Il n’est pas en tout cas dans le budget 2023.
Journaliste
Bonjour
Madame la Première ministre, Mesdames, Monsieur le ministre. Deux questions
d’abord : qu’en est-il des chèques carburant ? Est-ce qu’ils seront prolongés à
la rentrée, à partir de janvier 2023 et vous parliez de passoire thermique il y
a un instant à la rédaction de RTL. On a regardé la consommation des palais de
la République : L’Élysée, l’Assemblée nationale, le Sénat. 750 000 euros de
dépenses l’année dernière pour l’Élysée, 3 500 000 pour l’Assemblée nationale,
est-ce que ces lieux sont encore adaptés en période de crise énergétique ?
Est-ce qu'il faudrait, comme le suggérait par exemple Bruno LE MAIRE, de
déménager
ces ministères dans des zones qui consomment moins ?
Élisabeth BORNE
Monsieur
le ministre.
Bruno LE MAIRE
Vous
prenez des vieilles suggestions. Enfin, je n'ai pas beaucoup changé de
conviction sur le sujet. Simplement sur les différents chèques, je rappelle que
ce n'est pas un chèque sur le carburant qui existe. C’est une remise de 30
centimes d'euros. 30 centimes et ensuite une décroissance jusqu'au 31 décembre
2022. Après, nous verrons quel sera le prix du baril à partir de l'année
suivante. Nous ne fermons pas des portes, mais nous attendrons de voir quel
sera le niveau du baril et donc le prix de l'essence à la pompe pour savoir s'il
y a besoin, comme la Première ministre l’avait indiqué il y a quelques jours,
de soutenir ceux qui travaillent. Deuxième chose sur le chèque alimentaire : je
rappelle que nous avons décidé de mettre en place avec la Première ministre et
le Président de la République, une indemnité à la rentrée. Cette indemnité a
été mise en place. On poursuit les réflexions avec le ministre de
l’Agriculture. Il y a des difficultés techniques qui sont considérables, mais
ça ne ferme pas la réflexion sur le sujet.
Journaliste
Et
le chèque. Alors, vous avez entendu le chèque fuel... Enfin, la mesure de
soutien du fioul et élargie au bois a vocation à être versée d'ici la fin de
l'année. Ça, c'est un engagement qui a été pris en projet de loi de finances
rectificative. S'agissant du chèque énergie, il est versé en début d'année 2023
puisqu'il est aussi basé sur la réalité des revenus des personnes en 2022. 2022
c’est par rapport à 2021. Donc on ajuste au plus près de la réalité la
situation des Français et pour le moment, on se base sur les premiers déciles.
Vous savez que deux déciles, c’est facile de faire le calcul, deux déciles,
c’est 6 millions de personnes. Je vous laisse faire le calcul. Pour 4 déciles,
c'est-à-dire 40 % des ménages qui sont les plus modestes. 12 millions.
Élisabeth BORNE
Donc du coup,
enfin, je pense que… je vais essayer ici de donner quelques exemples des
personnes qui sont concernées. Qui sont les Français dans les 4 premiers
déciles ? C'est par exemple, comme je le disais, une femme au smic avec deux
enfants. C'est par exemple un ménage qui a un revenu net de 3 000 euros et deux
enfants. Mais je pense que voilà, c'est important en effet de pouvoir donner
une réalité derrière ces notions de déciles qui ne parlent pas nécessairement.
Donc, c’est en tout cas les 40 % de ménages les plus modestes, avec des enjeux
aussi de nombre de personnes par foyer qui rendent le sujet un peu compliqué.
Mais on pourra vous donner des cas pratiques. Peut-être rappeler aussi que pour
l'aide aux carburants, nous avons voté aussi cet été la possibilité pour les
employeurs d'accompagner davantage les salariés avec un plafond d’aide
défiscalisée, désocialisée qui a été porté de 200 à 400 euros. Je ne doute pas
que les entreprises auront à cœur de se saisir de ces dispositifs. Et peut-être
vous dire qu'en effet, on a des bâtiments qui sont très énergivores. Cet été,
nous avons changé les fenêtres à Matignon. Je ne suis pas sûr que nous ayons
encore un modèle de consommation énergétique, mais en tout cas, nous essayons
d'avancer dans cette voie.
Elsa CONESA
Elsa
CONESA au Monde. J’ai deux questions : est-ce qu'on peut avoir un chiffrage du
chèque énergie ? Je ne crois pas que vous l'ayez donné. Vous avez donné…
Bruno LE MAIRE
6
milliards.
Élisabeth BORNE
J’avais
donné 1,8 milliards. L'aide exceptionnelle qui est donnée, 1,8 milliard.
Elsa CONESA
1,8
milliards.
Élisabeth BORNE
Les
200 euros pour les deux premiers déciles et 100 euros pour les déciles
suivants, c'est 1,8 milliard, oui.
Elsa CONESA
D’accord,
et autres questions. Donc on est autour de 45, 50 milliards en brut pour 2023.
Est-ce qu'on peut vraiment dire que le quoi qu'il en coûte est derrière nous ?
Élisabeth BORNE
Monsieur
le Ministre.
Bruno LE MAIRE
Je
veux être aussi clair que sur les déficits. Oui. Oui, parce que le chiffre que
vous donnez, c'est le coût brut. Je rappelle que le coût net, c'est 16
milliards. Ça n'a pas de comparaison avec ce que nous avons dépensé pendant le
Covid. Oui, parce que nous avons fait le quoi qu'il en coûte quand la
croissance française s'est effondrée de plus de 7 %. La croissance française
résiste. Donc, il n'y a aucune raison de rétablir un quoi qu'il en coûte. Oui,
parce que les mesures qui viennent d'être annoncées par la Première ministre
sont des mesures ciblées. C'est-à-dire le contraire que nous faisons.
C'est-à-dire que nous faisons passer les hausses qui sont nécessaires, qui sont
mesurées, responsables, mais les aides sont bien ciblées sur ceux qui en ont le
plus besoin, les 4 premiers déciles. Donc il n’y a pas de “quoi qu’il en
coûte”, il n’est pas question de remettre un “quoi qu’il en coûte” en l’état
parce que ça ne ferait qu’alimenter l’inflation. Au-delà de la réponse sociale
que nous voulons apporter, de la réponse que nous apportons de manière ciblée
aux entreprises qui en ont le plus besoin, nous ne voulons pas alimenter
l’inflation. Moi, j’ai entendu certains qui nous disaient “Pourquoi est-ce que
vous ne mettez pas en place un bouclier énergétique pour toutes les entreprises
?” Parce qu’il faut bien qu’il y ait des prix qui passent et que certaines
entreprises ont la possibilité d’augmenter les prix, et que si l’État compense
toutes ces augmentations de prix, l’inflation n’en finira jamais. Or l’urgence
absolue, c’est d’en finir avec l’inflation. Il ne faut pas confondre les
remèdes et les maux. Les maux, c’est l’inflation ; et les remèdes, c’est les
réponses ciblées qui viennent d’être développées par la Première ministre.
C’est ce qui nous amène à penser que, dans le courant de l’année 2023,
l’inflation refluera en France et en Europe. Le “quoi qu’il en coûte” ne ferait
que jeter de l’essence sur l’incendie. Nous voulons des mesures ciblées pour
éteindre l’incendie inflationniste.
Élisabeth BORNE
Et dans le domaine
de l’énergie, peut-être rajouter vraiment que notre premier combat, c’est
d’arrêter la flambée des prix de l’énergie au niveau européen, des prix qui
aujourd’hui ne reflètent pas les coûts d’approvisionnement et qui ne reflètent
pas les coûts de production de ces énergies. Donc c’est vraiment l’action au
niveau européen. Évidemment, on protège les Français au travers des mesures que
je viens d’annoncer, mais d’abord refroidissons, si je peux dire, ou calmons la
flambée de ces prix de l’énergie sur les marchés européens.
Journaliste
(inaudible)
Élisabeth BORNE
Notre scénario… Le
scénario n’a pas anticipé sur les effets des actions qu’on mène avec les autres États membres, avec la Commission européenne pour calmer effectivement la
flambée des prix de l’énergie. On espère tous que les prix de l’énergie seront
plus bas. Monsieur ?
Journaliste
Bonjour madame la
Première ministre. Radio Fréquence Protestante. Avez-vous finalisé votre choix
pour le nouveau patron du groupe EDF ?
Élisabeth BORNE
C’est un choix
important, c’est un groupe qui est essentiel pour le pays donc nous en
échangeons avec les ministres qui sont à mes côtés, avec le président de la
République. Et on ne manquera pas de vous prévenir quand on aura décidé. Voilà.
Merci.